"Je suis Sali Hafez, je suis venue aujourd'hui pour récupérer l'argent de ma soeur qui est en train de mourir à l'hôpital. Je ne suis pas là pour tuer ou mettre le feu... Je suis là pour réclamer mes droits."
Dans une vidéo diffusée en direct sur les réseaux sociaux le 14 septembre, on entend Sali Hafez, une architecte d'intérieur libanaise de 28 ans et membre du mouvement de contestation déclenché en octobre 2019 contre la classe politique, déclarer ces mots pendant qu'elle braque une banque. Ou plutôt, qu'elle tente de récupérer les 20 000 euros épargnés par sa famille, bloqués par Blom Bank.
Après quelques minutes à réclamer son argent, elle repartira avec 13 000 euros qu'elle affirme vouloir utiliser pour soigner sa soeur, atteinte d'un cancer. Une somme qui ne serait malheureusement pas suffisante pour couvrir l'intégralité des frais médicaux, ceux-ci s'élevant à 50 000 euros, précise Sali Hafez dans une interview réalisée après l'incident auprès d'un média local.
Comment l'activiste, aujourd'hui considérée comme une héroïne, a-t-elle eu gain de cause ? Selon un correspondant de l'AFP, de l'essence aurait été aspergée sur les lieux et un pistolet retrouvé sur le sol (un jouet en plastique appartenant à son neveu, a tenu à préciser Sali Hafez). Elle et ses complices se seraient par la suite échappé·es par une fenêtre avant l'arrivée de la police. Depuis, la jeune femme est saluée comme une véritable héroïne par les internautes, qui ont rendu virales les images où on l'aperçoit debout sur un bureau de la succursale.
Des incidents qui se sont multipliés, ces derniers mois. Rien que cette semaine, un autre homme a commis une effraction similaire dans la localité d'Aley, au nord-est de la capitale. En août, un Libanais a également "été acclamé par la foule après avoir fait irruption dans une banque à Beyrouth, réclamant, fusil à la main, ses plus de 200 000 euros d'économies, pour payer les frais d'hospitalisation de son père", rapporte encore l'AFP. Il en est ressorti avec 30 000 euros avant de se rendre aux autorités, sans être poursuivi.
Ces événements illustrent le désespoir auquel font face les citoyen·nes d'un pays qui s'enfonce chaque jour dans une crise économique et financière de plus en plus dramatique. "La livre libanaise a perdu plus de 90 % de sa valeur et 80 % de la population a plongé dans la pauvreté depuis 2019", note ainsi l'AFP. Visiblement, la résistance s'organise.