De 2,25% le taux du livret A aurait dû passer à 2,75% au 1er février. Il n’en sera rien, et les épargnants seront privés de près de 530 millions d’euros de gains d’intérêt sur la période courant jusqu’à début août, date de la prochaine décision sur le taux – selon les calculs de l’AFP. Le ministre de l’Économie François Baroin a sobrement annoncé jeudi dans un communiqué que le taux du livret A – le produit d’épargne préféré des Français - restera inchangé, en dépit de l’inflation des prix à la consommation sur laquelle il se positionne d’habitude. Une mesure qui pourrait décevoir l’opinion à trois mois de l’élection présidentielle. « On ne peut pas nous reprocher une mesure électoraliste », a déclaré le ministre en marge d’un déplacement à Besançon.
Selon la formule inscrite dans la loi, le taux du livret A correspond au niveau de l’inflation majoré d’un quart de point. Logiquement, il aurait dû suivre la hausse des prix à la consommation, qui ont encore grimpé de 0,4% en décembre par rapport à novembre, selon les chiffres annoncés jeudi par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Sur un an, l’inflation atteint les 2,4% (hors tabac), selon les calculs de l’AFP. L’Insee publiera le taux d’inflation moyen de 2011 le 19 janvier. Bercy a préféré déroger à la règle, suivant en cela la recommandation (nullement contraignante) du gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, qui jugeait inutile de relever le taux du livret A pour devoir le baisser à nouveau dans six mois, si les prévisions de baisse de l’inflation des économistes se réalisent. Le but de la manœuvre est « d’éviter une volatilité excessive », ou un « effet yoyo », selon l’expression du ministre.
La loi autorise l’exécutif à contourner la règle de calcul du taux du livret A « en cas de circonstances exceptionnelles ». Plusieurs experts contredisent les prévisions de la Banque de France et estiment désormais que l’inflation pourrait se maintenir à un niveau élevé. Ils ont d’ailleurs été surpris par la hausse des prix en décembre, tirée par les services et l’automobile, qui est venue contredire les prévisions de début de ralentissement. « On ne voit pas d'effet immédiat de la faible croissance, voire du début de récession, sur les prix à la consommation », relève Michel Martinez, chef économiste pour la France de la Société Générale, contacté par l’AFP. La baisse des prix à la consommation pourrait être remise en cause par le relèvement du taux réduit de TVA de 5,5% à 7%, qui « pourrait amputer le pouvoir d’achat et donc les dépenses de consommation », explique ce même expert. Néanmoins, la majorité des économistes partage la grille de lecture de la Banque de France et prévoit une décélération progressive des prix en cours d'année, avec un passage de l'inflation sous les 2% fin 2012, ce qui pourrait induire une baisse du taux du livret A dès août, voire début 2013.
Élodie Vergelati
Avec AFP
Crédit photo : Photodisc
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