"Ma mère était féministe et dans mes films, je veux donner aux femmes leur revanche", se réjouit la grande Julie Delpy

Cinq ans ! Cela faisait cinq ans que l'on avait pas revu un film de Julie Delpy en salles - My Zoe, en 2019. Elle se fait rare, l'actrice iconique de Richard Linklater (la trilogie "Before" avec Ethan Hawke, dont elle est la co-scénariste !), immortalisée à l'international devant les caméras de Bertrand Tavernier, Roger Avary, Krzysztof Kieślowski...

Comédienne, mais surtout grande cinéaste, dont la filmo glisse de la rom com très caustique (2 days in Paris avec Chris Rock) au film de genre sanglant (La comtesse). Et aujourd'hui, Julie Delpy revient avec Les barbares, satire pleine d'ironie abordant l'accueil de réfugiés syriens dans un village hexagonal. Une galerie de caractères bien trempés s'y déploie, comme on l'imagine. Mais Julie Delpy, qu'importe la catégorie de films investie, ne délaisse jamais ses profondes convictions : des convictions féministes, évidemment ! 

Dans les pages de Madame Figaro d'ailleurs, elle se réjouit de cet engagement... Et de la force des personnages féminins dans ses oeuvres. 

"Dans Les Barbares, mes héroïnes sont en quête d'ailleurs, d'émancipation… C'est plus fort que moi. J'ai vu tellement de femmes prisonnières d'une vie qui ne leur convenait pas", raconte-t-elle au magazine. Et elle a beaucoup à dire sur le sujet... 

A Madame Figaro toujours, l'actrice témoigne : "Ces femmes, je leur donne leur autonomie, leur revanche, au cinéma". 

"C'est le fruit de mon éducation, sans doute. Ma mère était féministe – elle a signé le Manifeste des 343 –, mais avec mon père ils soutenaient aussi la cause homosexuelle, ils tournaient avec des gens de tous horizons : des trans, des Noirs… Ils étaient à l'avant-garde", poursuit-elle sur le même ton. Si vous suivez les autofictions de Julie Delpy, vous savez très bien que sa famille, et notamment son père, sont très importants dans son univers. Et c'est une fratrie synonyme de prises de bec certes, mais surtout de complicité, d'irrévérence, de liberté...

"Ma mère avait hérité son humanisme de sa famille de résistants, quand mon père, ayant grandi dans les colonies, en Indochine, s'est construit en réaction à son éducation. J'ai été élevée par des parents très libéraux, qui ont toujours placé l'empathie au-dessus de tout. Tous ces libres penseurs, mes parents y compris, m'ont appris le dialogue"

Des paroles pleins de sagesse, et un engagement pour l'égalité des sexes auquel s'ajoute une critique du racisme, dans son nouveau film : avec sa comédie, Delpy désire effectivement combattre plus que jamais "l'idée de cette incessante peur de l'autre, de l'inconnu. La peur qu'on vous vole votre travail, vos femmes, votre nourriture, comme au temps des croisades". 

"On a peu évolué depuis le XIIe siècle finalement ! Or, il suffit de dialoguer pour comprendre la richesse que l'autre représente. C'est l'idée optimiste que je voulais transmettre avec cette comédie", raconte-t-elle encore. Les films de Julie Delpy quant à eux redoublent de vigilance : il y est question de pouvoir au féminin, de domination masculine, de violences conjugales, de pression maternelle (dans le très drôle Lolo avec Vincent Lacoste), d'avortement... Une oeuvre encore beaucoup trop mésestimée. C'est dit.