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On a l'impression de la connaître par coeur et pourtant... Il reste de nombreuses zones d'ombre, des incompréhensions, des malentendus au sujet de Marie-Antoinette, reine scandaleuse, iconique et femme finalement méconnue. C'est au crépuscule de la vie de la souveraine que s'est intéressée Bunny Godillot et sa compagnie ART-Us avec la pièce Marie-Antoinette, la dernière heure qui se joue au théâtre Les Déchargeurs à Paris du 31 juillet au 4 septembre.
A partir de la correspondance de la reine et de la biographie de Stefan Sweig, l'auteure et interprète Bunny Godillot nous fait revivre les moments les plus marquants de cette vie tragique alors que la fin approche. Condamnée à mort, seule avec sa peur, son courage et ses fantômes, Marie-Antoinette se raconte à travers ses correspondances, et nous parle de la fille, de la femme, de l'amoureuse et de la reine souvent incomprise. Bunny Godillot nous en dit plus sur cette pièce très émouvante qui puise sa force dramatique au coeur même de l'Histoire.
Qu'est-ce qui vous fascine tant dans le personnage de Marie-Antoinette ?
Je connaissais ce personnage aussi peu et mal que les trois-quarts des Terriens, à travers la légende qu'on en fait, lorsque, il y a quelques années, Evelyne Lever, qui a écrit de nombreux ouvrages sur elle, m'a dit à l'issue d'un dîner: "C'est vous. C'est comme ça que je la vois." Et elle m'a offert un de ses bouquins qui m'a intéressé suffisamment pour que j'achète la bio de Stefan Zweig qui m'a bouleversée. Tout est parti de là.
Quel regard portez-vous sur elle ? Avez-vous de la tendresse, de la compassion ou un regard critique ?
J'ai, à partir de là, éprouvé beaucoup de compassion pour ce personnage, d'abord adoré des Français puis haï, pour les mêmes mauvaises raisons : sa différence, les rumeurs... Tout ce qui me révolte et contre quoi je me bats avec les outils qui sont les miens : écriture, rôles, mises en scènes, réalisation.
Je me suis alors intéressée à la fille, à la telle, à la mère, à l'amie, l'amoureuse qu'elle avait été, comme chacune de nous. Avant d'être la reine. Ce qui n'était pas son choix . Et c'est cette histoire-là que j'ai décidé de raconter. Je me suis alors plongée dans sa correspondance et c'est à travers SES MOTS qui, en nous parlant d'elle, parle aussi de nous que je la livre au public. Je porte un point de vue, un angle, mais pas de jugement. C'est au public que je mets dans un grande promiscuité et intimité de se faire son idée. Et je constate, soir après soir, à quel point, y compris les plus réticents sont touchés. Je raconte l'être humain. Pas la légende.
Vous avez voulu faire de votre pièce une pièce "olfactive". Expliquez-nous ce concept.
Je suis passionnée de parfums depuis toujours. Tous mes souvenirs sont liés à des odeurs : celle de mes parents, de mes voyages, de mes jardins préférés... Je trouve que le théâtre manque souvent d'incarnation, laissant de côté les sens. D'où cette idée. La maison Oriza-Legrand, rencontrée par hasard alors que cette idée trottait dans ma tête, s'est trouvée sur mon chemin, et il se trouve que cette maison a été créée en 1720 et qu'elle était fournisseur officielle de la cour et de Louis XV. Ce rêve est devenu réalité. Nous distribuons aux spectatrices de petits éventails de bois, parfumée à l'odeur de la reine. C'est elle qui, en s'éventant parfume le spectacle et c'est enchanteur...
Parmi les nombreux films qui ont tracé le portrait de Marie-Antoinette, lequel vous a le plus marquée ?
J'ai vu peu de films mettant en scène Marie-Antoinette et le souvenir que j'en ai est assez insipide. Aucun de m'a donné envie de m'y intéresser...
Marie-Antoinette, la dernière heure
de Bunny Godillot à partir de la correspondance de Marie-Antoinette, mis en scène par Catherine Chevallier
Théâtre des Déchargeurs
3, rue des Déchargeurs
75001 Paris
Infos pratiques et horaires ici