Propos grivois, attouchements, agressions sexuelles, viols...
Nombreuses, très nombreuses même sont les accusations qui visent depuis juillet dernier l'Abbé Pierre. Le "petit père des peuples", figure sacrosainte de solidarité, fait l'objet d'une trentaine de témoignages, dix-sept s'étant récemment ajoutés aux 12 premiers relatés dans un dossier massif publié par le mouvement Emmaüs. Des faits présumés qui s'étalent des années cinquante à 2005 et des plaignantes qui pour certaines étaient mineures au moment des faits présumés. Qu'elles soient bénévoles, salariées, volontaires...
"Désormais l'abbé Pierre c'est, pour tout le monde, mais particulièrement pour les personnes qui ont été des victimes de violences dans leur vie, l'image d'un prédateur sexuel", s'est exprimé sans détour Adrien Chaboche, délégué général d'Emmaüs International. Une personnalité aujourd'hui tient à appuyer ses propos. Une chanteuse que le public connaît bien, et affectionne, depuis près de vingt ans déjà.
Cette star, c'est Nolwenn Leroy, autrefois simplement surnommée "Nolwenn" - du temps de ses premiers hits - et qui revendique toujours son statut de marraine de la Fondation Abbé Pierre. Mais que dire et comment s'exprimer quand la cause que vous défendez porte ce nom ? D'autant plus lorsque, comme la chanteuse, l'on est partisane du mouvement #MeToo ?
Justement, l'interprète tenait à mettre les points sur les i du côté de France Inter. On l'écoute...
Au sujet des lourdes accusations qui pèsent sur le prêtre, Nolwenn dit les choses sans ambiguïté.
A Léa Salamé, elle relate : "Beaucoup le prenaient pour un saint, mais ce n’était pas un saint, et tout sauf un saint, à la lumière de ce qu’on vient d'apprendre...". Pour la chanteuse, qui n'hésite jamais à revendiquer ses convictions féministes - notamment en terme d'éducation, elle en faisait d'ailleurs part à Terrafemina - où de séparer homme... Et prêtre.
"Le combat que l'Abbé Pierre menait doit perdurer tant qu’on en aura besoin", ajoute cependant la chanteuse. "En tout cas je trouve la façon dont la fondation Abbé Pierre a communiqué depuis ces derniers jours, admirable. Le fait de reconnaître ce qu'ont pu vivre les victimes, d’entendre les victimes… Ils ont pris toutes les bonnes décisions !".
Pour la chanteuse, il convient de ne pas "sacraliser" mais de porter l'oreille vers ceux et celles qui témoignent désormais. Et ce alors que cette semaine, des documents publiés par la cellule investigation de Radio France sont venus démontrer que les agissements de l’abbé Pierre auraient été dès les années 50 "couverts" par de plus hautes hiérarchies.
La parole de Nolwenn fait écho à celle d'Adrien Chaboche, qui affirmait sur les ondes de franceinfo : "La priorité est donnée aux victimes et à leur écoute, à la reconnaissance de ce qu'elles ont subi... tous les combats que l'Abbé Pierre a portés et tout le bien qu'il a pu faire n'effacent pas la douleur et la souffrance qu'ont provoquées ces actes".
Aujourd'hui, la prise de conscience est globale. Tant et si bien que le nom lui-même d'Abbé Pierre se voit retiré. Retiré d'où ? Des rues, d'espaces, de lieux commémoratifs... De l'école primaire privée Abbé Pierre de Hédé-Bazouges (Ille-et-Vilaine) aux nombreuses voies (plus d'une centaine !) qui portent le nom du prêtre, mairies, fondations et commissions s'exercent désormais à la dénomination... Des décisions plus symboliques qu'autre chose ?