Le girl power est-il passé de mode ?
On se le demande sérieusement quand on constate les fiascos qui émaillent la production et la promo de l'un de ses étendards les plus contemporains : Katy Perry. L'interprète joviale de "I Kissed A Girl" est de retour en pleine ère Billie Eilish/Sabrina Carpenter/Olivia Rodrigo et qu'importe si certains trouveront ce come back désuet. Sauf que...
Sauf que Perry suscite controverses et tumultes depuis des semaines.
Avec son clip, "Lifetimes" par exemple, qui a pris place sur les dunes d'Ibiza, dans la zone de S'Espalmador... Avant que le département environnemental des îles Baléares ne tire la sonnette d'alarme. Car oui, c'est un site naturel protégé, et l'éventualité de dommages était trop forte. La chanteuse n'aurait pas reçu d'autorisation de la part du ministère régional pour filmer certaines séquences...
Mais c'est surtout la création de son nouvel album qui clive. Car Katy Perry s'est entourée d'une personnalité... "Polémique" (euphémisme) : le producteur Dr. Luke, accusé d'agressions sexuelles. Un producteur au coeur d'accusations relatives au mouvement #MeToo, et ce alors que l'un des singles de la chanteuse s'intitule... "Woman's World".
Pas très féministe ?
La star a enfin souhaité réagir à ces virulentes critiques...
Oui, comme nous le rappellent nos confrères de Purecharts, Dr. Luke est loin d'être étranger au monde hyper pop et coloré de Katy Perry, puisqu'il a signé quelques-uns de ses plus gros tubes : "I Kissed A Girl", "Teenage Dream", "California Gurls", "Roar". Raison principale on s'en doute de cette énième collaboration entre le "Dr." et la chanteuse...
Mais fallait-il collaborer de nouveau avec lui alors que l'homme influent est accusé de viols par la chanteuse Kesha ? "Je comprends que ça ait déclenché des discussions", admet Katy Perry sur les ondes du podcast "Call Her Daddy". "DR. Luke est l'un des nombreux collaborateurs avec qui j'ai travaillé sur cet album. Il est l'un des auteurs et producteurs...."
"Mais la vérité, c'est que ça vient de moi. J'ai écrit ces chansons de mon point de vue, sur ma vie passée à travers cette métamorphose, et [Dr Luke] est l'une des personnes qui a facilité tout cela. Je parle de ma propre expérience", énonce au micro la chanteuse de 39 ans.
Une réponse un brin évasive qui ne devrait pas forcément convaincre les plus réticents.
D'autant plus que l'interprète y suggère, quelque part, de séparer "l'auteur, le producteur", de l'homme, éludant de mentionner lesdites accusations pourtant au coeur-même de la controverse. Elle complimente le producteur et le remercie entre les lignes d'avoir "facilité" son processus de création sans mentionner Keisha.
D'autant plus "touchy" quand l'un de ses principaux discours de promotion consiste à assurer la portée "empouvoirante" de ses chansons : empowerment, girl power, féminisme, émancipation, plaisir féminin... Un jargon qui tout de suite passe moins.
C'est d'ailleurs ce que constate la presse spécialisée. Ainsi le magazine musical de référence, Pitchfork, reproche à Katy Perry "d'esquiver la question". Même si la revue précise cependant : "Perry et le Dr Luke n'avaient pas travaillé sur les albums Witness et Smile de 2017, tous deux sortis à la suite des allégations d'agression sexuelle de Kesha".
A l'unisson, d'aucuns associeront la promo de Katy Perry à un phénomène bien connu, celui de "feminism washing" : expression employée pour désigner un féminisme opportuniste, mercantile, qui n'aurait de féminisme que le nom. Pratique très courante dans les industries culturelles, surtout depuis l'avènement du "pop féminisme".
Des accusations parmi d'autres qui transforment l'arrivée imminente de ce nouvel album en fleuve loin d'être tranquille.