C'est un événement Facebook qui a déclenché la polémique. Dans celui-ci, l'association Opale Vélo Services de Calais annonce la tenue d'un atelier de mécanique uniquement réservé aux femmes.
L'association avait alors d'ores et déjà expliqué sa démarche dans son post : "Les hommes et les femmes ne sont pas égaux face à la mécanique en général, et la mécanique vélo n'échappe pas à cette logique. [...] Cet atelier n'a pas vocation à se substituer aux ateliers mixtes, mais bien à donner confiance aux femmes et autres personnes pouvant subir des oppressions liées à leur identité de genre pour qu'elles se sentent ensuite à l'aise pour aller dans les espaces en mixité".
Cela n'a visiblement pas empêché plusieurs hommes de critiquer cette initiative dans des commentaires désormais supprimés. "Le moins qu'on puisse dire, c'est que lire l'à propos de cet événement vaut son pesant de cacahuètes. À quand la fin des clivages ?", s'interroge ainsi un homme, comme le rapporte le quotidien localNord Littoral.
Un autre se permet de livrer une analyse pour le moins fantaisiste : "C'est peut-être aussi à cause de cette notion de clivage que de nombreuses femmes ne se reconnaissent pas dans ce combat [féministe]. [Le] mot d'appel correspond plus à l'esprit amazone de l'extrémisme féministe qui cherche surtout une vengeance sur le patriarcat, dont nous sommes tous issus malgré nous, un désir de remplacement vers une société matriarcale qui n'a rien à envier au machisme".
Des internautes qui ne supporteraient donc pas d'être exclus, alors même que l'association propose des ateliers mixtes le reste du temps.
Contactée par Terrafemina, Marlène Hagnéré, mécanicienne de cycles, membre de l'association Opale Vélo Services et organisatrice de ces ateliers en non-mixité, estime que "le vrai clivage est là : dans le fait de ne pas chercher à comprendre pourquoi des rendez-vous de ce type existent et sont nécessaires encore en 2022. Comme je me suis évertuée à le répéter dans les réponses à mes détracteurs, la non-mixité n'est pas une fin en soi, mais un moyen et une nécessité politique pour accéder à plus de mixité".
Selon elle, les femmes auraient besoin de se sentir davantage en confiance avant de participer à des ateliers mixtes ensuite, d'autant plus dans le secteur de la mécanique, qui reste un boy's club.
"J'exerce une activité exercée par une majorité écrasante d'hommes. Et je me prends régulièrement des remarques", témoigne Marlène Hagnéré. "'Ah ? Une femme mécanicienne, on aura tout vu !', 'Quel drôle de métier pour une femme !', 'Puis-je avoir affaire au mécanicien, s'il vous plait ?', 'Et vous savez TOUT réparer ?', 'Attendez je vais vous aider, il faut de la force tout de même'...", énumère-t-elle. "La mécanique vélo est une activité – encore – très genrée, et si je peux apporter ma minuscule contribution à la déconstruction de ce modèle, et bien je continuerai coûte que coûte", affirme Marlène Hagnéré.
Selon la mécanicienne engagée, les femmes qui participent à ces ateliers en non-mixité "se sentent beaucoup plus 'confiantes'". L'initiative rencontre d'ailleurs un large succès, remarque Marlène Hagnéré : "Jamais je n'ai dû annuler un atelier. Ce qui n'est d'ailleurs pas le cas de nos ateliers mixtes : les personnes qui s'y inscrivent- une majorité écrasante d'hommes- n'honorent pas toujours le rendez-vous...".