L'année 2019 aura été florissante pour Nora Fingscheidt. Après avoir remporté le prix Alfred Bauer à la Berlinale 2019 avec son Benni, la jeune réalisatrice allemande s'est vue décerner le prix du public au 11e Arcs Film Festival. Dans ce premier long-métrage intense, elle suit une petite fille de 9 ans (incarnée par la formidable Helena Zengler), sauvage et fragile, ballottée de services sociaux en hôpitaux, confrontée aux limites du système des structures d'accueil. Un film bouleversant (en salles en France le 4 mars 2020) qui signe l'avènement d'une réalisatrice ultra-prometteuse.
Nous avons interrogé Nora Fingscheidt sur sa place de réalisatrice dans le milieu mouvant du cinéma, sur ses espoirs et ses inspirations.
Nora Fingscheidt : Les structures sont encore aujourd'hui faites pour les hommes. Cela est relié à l'histoire du cinéma et beaucoup de personnes ne sont pas habituées à recevoir des ordres des femmes. Mais les choses sont progressivement en train de changer, au moins dans cette partie du monde.
N.F. : Je suis très chanceuse de pouvoir travailler avec des gens que je connais depuis des années. Nous nous aimons et nous nous respectons. Je vois bien que c'est différent depuis que je travaille en tant que réalisatrice. Les gens ne s'approchent pas trop. J'ai connu des situations plus "critiques" lorsque j'étais stagiaire ou assistante quand j'avais la vingtaine...
N.F. : Cela s'arrange, ça se réveille. Maren Ade (réalisatrice de Toni Erdmann- 2016) est un super exemple de jeune réalisatrice à succès qui a son propre style.
N.F. : Les gens sont devenus beaucoup plus sensibilisés à ces sujets, ce qui est une bonne chose. Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais la conscience de ces thématique est beaucoup plus présente.
N.F. : Je n'ai pas la réponse. Travailler avec des quotas, c'est super pour initier un changement structurel et fournir aux femmes l'opportunité de faire des choses et d'éventuellement échouer. Parce qu'à l'heure actuelle, si nous échouons, on est éjecté du jeu. Alors que les hommes ont beaucoup plus d'espace pour se planter. Et échouer est la chose la plus naturelle et importante dans le processus créatif.
D'un autre côté, je ne veux pas que mon film soit financé ou sélectionné uniquement parce que je suis une femme. Je veux que mon film soit choisi parce que quelqu'un l'a vraiment aimé.
La réalisatrice Kathryn Bigelow, Oscar de la meilleure réalisatrice en 2010 pour Démineurs.