C'est un retour aux sources qu'a opéré Alanté Kavaïté avec The Summer of Sangailé en 2014. Réalisatrice lituanienne vivant et travaillant en France depuis de nombreuses années, elle a voulu filmer cette très belle romance entre deux ados dans son pays natal. La cinéaste a ainsi ouvert la voie puisque The Summer of Sangailé est le premier film LGBT en Lituanie, pays encore étouffé par le conservatisme. Son audace narrative et visuelle a été couronnée d'un prix de la mise en scène au Festival de Sundance. Alanté Kavaïté présentera ce petit bijou au Festival de cinéma européen des Arcs dans le cadre du cycle Nouvelles femmes de cinéma. Nous avons interrogé la cinéaste sur sa place de femme dans le milieu encore très masculin de la réalisation et sur ses inspirations.
A l'heure actuelle, je ne vois rien qui empêcherait les femmes davantage que les hommes d'exercer leur art. Ce métier exige beaucoup d'endurance, physique et mentale, des nerfs solides et de la capacité à créer dans le chaos. Ces qualités sont liées à la personnalité de chacun et non pas au genre. Cependant, il est possible qu'il persiste encore dans certains studios une réticence à confier un film d'action à gros budget à une femme. Cette croyance qui dit qu'une réalisatrice ne serait pas capable de filmer une poursuite ou un combat est complètement ringarde. Elle va inévitablement s'estomper au fur et à mesure que le nombre de films de genre réalisés par des femmes va grandir.
Oui, mais c'est pareil dans la rue, dans le métro et j'imagine que c'est pareil dans tous les milieux. Toutes sortes de gens travaillent dans l'industrie du film et ça arrive qu'on ait à faire une personne misogyne, homophobe ou raciste. Mais heureusement, leur pourcentage est plutôt faible.
Non, pas vraiment. D'une manière générale, j'ai beaucoup de mal avec le classement de genre. Avant tout, il y a l'individu. Les notions de féminin et de masculin m'ont toujours parues absurdes ou extrêmement artificielles.
C'est difficile de désigner un seul film ! Allez, je joue le jeu et j'en donne un au hasard : Trois femmes de Robert Altman.
Claude Cahun, écrivain, photographe, artiste très complète, proche des surréalistes et encore trop peu connue. Dans les années 30 et 40 elle a fait une oeuvre d'une force et audace incroyables. Avec ses autoportraits troublants mis en scène, elle a questionné le genre en le remettant parfois en question. Elle parlait même d'un troisième genre, indéfini.
Sinon bien sûr, encore et toujours, Simone De Beauvoir, Simone Veil, Elisabeth Badinter et plus récemment Caroline Fourest.
Cate Blanchett.
J'ai eu beaucoup de chance d'avoir une mère et une grand-mère exceptionnelles. Sinon, depuis l'adolescence Yoko Ono a été une sorte de modèle.
La romancière, journaliste et militante des droits de l'homme turque Aslı Erdoğan, par son oeuvre et ses engagements.
Cycle "Nouvelles femmes de cinéma" au Festival de cinéma européen des Arcs, du 10 au 17 décembre 2016