Alors qu'elle n'aura lieu que le 25 avril prochain, la 93e cérémonie des Oscars fait déjà parler. On salue notamment la diversité de ses nominations. Ainsi remarquera-t-on celle des comédiens afro-américains Daniel Kaluuya et Lakeith Stanfield, au coeur du biopic politique Judas and the Black Messiah (sur les Black Panthers), lequel pourrait remporter pas moins de six statuettes. Nominés également, l'acteur et chanteur Leslie Odom Jr, remarquable dans l'adaptation du musical Hamilton, ainsi que l'iconique et regretté Chadwick Boseman, salué à titre posthume pour son dernier rôle : Le Blues de Ma Rainey.
Mais ce n'est pas tout. Les femmes également pourraient repartir couronnées. Car cette année, ce n'est pas une mais deux cinéastes féminines qui se voient nommées au sein de la prestigieuse catégorie du "Meilleur réalisateur" (ou "Meilleure réalisation", pour faire plus inclusif). Chloé Zhao, déjà célébrée lors de la dernière cérémonie des Golden Globes pour son superbe Nomadland côtoie ainsi Emerald Fennell, réalisatrice du très alléchant Promising Young Woman.
Ces nominations permettent d'écrire une page d'Histoire. Car c'est la première fois en 93 ans que deux femmes se retrouvent nommées à la statuette de la Meilleure réalisation.
Le 28 février dernier, Chloé Zhao devenait la seconde réalisatrice primée en 78 ans de Golden Globes. Nommée pour son drame Nomadland, portrait sensible d'une sexagénaire devenue nomade suite à la perte de son emploi, Chloé Zhao est depuis des mois déjà présentée comme l'une des grandes favorites des Oscars. C'est écrit. Nomadland concourt dans les catégories du meilleur film et de la meilleure réalisation, mais aussi des meilleurs montage et scénario. De quoi remporter un éventuel jackpot.
Mais l'on parle peut-être moins de la réalisatrice britannique Emerald Fennell, également comédienne (vous l'avez certainement vu dans la série The Crown, où elle incarne Camilla, la future épouse du prince Charles) et dont Promising Young Woman est le premier film en tant que cinéaste. Œuvre multi-nommée aux Golden Globes, et où irradie l'une des comédiennes les plus sous-cotées de sa génération : Carey Mulligan (Drive). L'actrice y incarne une jeune femme qui entreprend de se venger des prédateurs sexuels.
En attendant que ne tombent les prix en avril prochain, ces nominations ont déjà de quoi enchanter. Elles semblent contrebalancer le scandale de la cérémonie passée : les réalisatrices avaient été purement et simplement snobées par les Oscars. Rappelons qu'en 2020, aucune cinéaste femme n'était nommée pour la Meilleure réalisation. Que des hommes : Todd Philips, Martin Scorsese, Quentin Tarantino, Bong Joon-Ho et Sam Mendes. Ca fait mâle.
Il faut croire que les temps changent, et c'est tant mieux.