Vous n’avez pas pu manquer cette vidéo, qui a fait le tour du web hier. On y voit une femme qui déambule dans les rues de New York et se fait constamment apostropher par les hommes qui croisent son chemin. « Comment ça va aujourd’hui ? » « Quelqu’un te trouve jolie, tu pourrais dire merci ! », « Hey baby ». Au total, plus d’une centaine de remarques ou de sifflets sur son physique en seulement dix heures de promenade, révélée dans un montage de quelques minutes réalisé par l’association Hollaback!, qui lutte contre le harcèlement de rue depuis des années, en collaboration avec l’agence Rob Bliss Creative.
Cette vidéo qui révèle ce que subissent les femmes au quotidien dans l’espace public, à la manière du film désormais célèbre d’une jeune étudiante belge diffusé en 2012, est cependant à l’origine d’une petite polémique. Hanna Rosin, sur Slate, tout en reconnaissant que cette séquence illustre à merveille le comportements des hommes vis-à-vis d’une passante dans la rue, déplore en effet la faible présence d’hommes blancs à l’écran. Et, de fait, la plupart des passants qui abordent la jeune femme dans la vidéo de Hollaback! sont des Noirs et des Latinos.
Sur Reddit, Rob Bliss, de l’agence qui a produit cette vidéo, a précisé que, bien que de nombreux hommes blancs aient été effectivement filmés, ceux-ci ont dû être coupés au montage parce qu’on n’entendait pas bien leurs apostrophes, soit parce que la caméra n’était pas sur eux, soit parce qu’une sirène de voiture de police en étouffait le son. « C’est peut-être vrai, mais si on se retrouve à couper au montage tous les hommes blancs qui sifflent, et bien il faudrait peut-être songer à faire d’autres prises », réplique Hanna Rosin sur Slate.
Et la journaliste de faire remarquer que si le but de cette vidéo est de montrer aux hommes les réalités du quotidien d’une femme, elle manque sa cible. « Les hommes qui visionneront cette vidéo assis dans leur bureau ou dans un café vont au contraire se rassurer en se disant qu’ils n’ont pas le temps, eux, de passer la journée assis sur des près de bouches d’incendie et ne savent même pas prononcer correctement le mot “mami” (ndr : ma belle en espagnol). Ils pourraient très bien être coupables de choses pires que siffler une femme dans la rue. »
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