À l’été 2012, le film documentaire d’une étudiante en cinéma belge Sofie Peeters tourné en caméra cachée et intitulé « Femme de la rue » montrait les insultes d’une violence inouïe et les attouchements que peut subir une femme lorsqu’elle se balade dans les rues de Bruxelles, et mettait un nom sur le phénomène : harcèlement de rue.
Quelques mois plus tard, pour répondre à la mauvaise foi ambiante et aux réactions type « Pas de ça chez nous », une journaliste d’« Envoyé spécial » réalisait un documentaire similaire dans les rues de Paris et prouvait que la situation n’y est pas meilleure.
Depuis, la résistance s’organise pour dénoncer sans relâche et tenter de sensibiliser hommes et femmes au phénomène. De nombreuses blogueuses ont témoigné de ces violences banales, parmi lesquelles Maureen Wingrove, alias « Diglee » qui rappelait récemment via une BD qu’une femme a le droit de se promener librement et sans peur dans la rue quelle que soit la tenue qu'elle porte (on aurait tendance à l'oublier).
Un peu avant, c’est l'ancienne rédactrice en chef adjointe de Madmoizelle Jack Parker qui, après avoir raconté sur son blog son agression subie dans le métro (la malheureuse avait osé porter une jupe !) s’était ensuite fait copieusement traiter de «poufiasse » « pleurnicheuse » par certains internautes. L'affaire a au moins eu le mérite d'attirer l'attention sur la « double peine » des victimes qui, après leur agression, sont bien souvent soupçonnées de l'avoir provoquée.
Plusieurs Tumblr ont également été créés comme « Projet crocodiles » sur lequel le dessinateur Thomas Mathieu croque des témoignages de harcèlement ou « We chalk walk », une page participative sur laquelle des femmes agressées dessinent à la craie sur les trottoirs et les murs de leur ville leurs coups de gueule anti-harcèlement.
Dernière initiative en date, le Tumblr « harcèlement de rue » sur lequel la photographe Juliette Lancel publie des portraits de femmes et des témoignages toujours choquants mais Ô combien familiers sur le harcèlement de rue : bruits d’animaux en rut, crachats, attouchements, hurlements, insultes… Les récits mettent la boule au ventre, un mal nécessaire, selon l’artiste – qui s’est confiée au Nouvel Observateur - pour « libérer la parole ».