Nom de l’accusée : Jack Parker. Son crime : avoir osé porter une jupe, s'être fait agresser dans le métro et, surtout, oser s'en plaindre... Jeudi 13 mars, l'ancienne rédactrice en chef adjointe de Madmoizelle est victime d’une agression sexuelle dans le métro parisien. C’est dans ce lieu bondé et favorable aux mains baladeuses qu’elle a été la proie de son agresseur, explique-t-elle sur son Tumblr : « Je venais d’entrer dans la rame, j’étais encore debout dans l’attente de trouver une place assise […] Et j’ai senti [les] doigts [du quadra lambda] se faufiler sous ma jupe et s’enfoncer dans mon entrejambe, à travers mes collants ». Et comme si une attaque ne suffisait pas, une autre l’attendait sur les réseaux sociaux.
« En plus, elle était en jupe et elle vient pleurnicher », « ça s’exhibe en mode pouffiasse parisienne et après ça vient se plaindre sur Internet », « ce n’est que de la merde d’hystérique féministe qui confond accident léger dans le métro et paranoïa de la victime »... Les réactions face au récit de cette agression (tristement banale) sont vives, vulgaires et très agressives. Beaucoup reprochent à la nouvelle rédactrice en chef de Golden Moustache d’avoir porté un vêtement prétendument provoquant. La jupe devient l’os qu’on agite devant un chien d’après les commentaires de ces « courageux ». La preuve en images :
Quand être femme devient l’immense affront
Qu’est-ce qui est le plus révoltant pour une victime ? Être agressée sexuellement ou devoir se taire de peur d'être, au mieux stigmatisée, au pire insultée ? Parce que c’est bien ce qu’encouragent ces violentes réactions. Se taire et subir. Ou si tu parles, on va te faire taire. A l’interdiction de parler s’ajoute maintenant celle de porter certains vêtements pour avoir la paix contre les plaies que sont le harcèlement de rue ou l’agression sexuelle. Mais certaines ne se laissent pas faire : Jack Parker a fait le choix de riposter contre cette double violence.
La chroniqueuse web s’est défendue d’abord physiquement. Avec l’aide d’autres passagers, elle n’a pas hésité à jeter le pervers hors du métro (NB : photo à l’appui juste au-dessus). Sur son blog, elle a riposté en publiant un florilège des remarques les plus injurieuses. Cette décision a amené certains auteurs des remarques blessantes à s’excuser auprès de Jack Parker. Dans le cadre de l’ABCD de l'égalité, Najat Vallaud-Belkacem dénonçait cette « culture de viol décomplexée ». Celle-là même que cette affaire illustre à la perfection.
Priscillia Mudiaki