"Depuis plus d'un an, je reçois, chaque jour, des menaces de mort et de viol" : la fondatrice de l'application Meuf annonce sa fermeture

"Meuf, c'est fini. J'arrête Meuf." C'est sur ces mots que l'application Meuf, premier réseau social français exclusivement réservé aux femmes, ferme. Sa fondatrice, Claire Suco, l'a annoncé via son compte Instagram et celui de Meuf Paris, le 3 février. 

L'application Meuf avait vu le jour le 21 février 2024. L'objectif : être un "refuge" face au harcèlement et un espace où les femmes pourraient parler entre elles, sans sujet tabou. Mais voilà, comme l'explique sa créatrice, "les obstacles ont été trop nombreux". Ce projet, Claire Suco était même parvenue à le porter jusqu'à la télévision, où elle avait concouru dans l'émission Qui veut être mon associé. 

"L'application Meuf s'arrête pour une question d'argent", explique Claire Suco. Celle qui était parvenue à lever 500.000 euros pour développer l'application a cette fois manqué de temps. À propos de cette obstacle financier, elle précise que les derniers financements sont arrivés trop tard. Mais ce n'est pas tout. 

L'entrepreneuse confie également avoir dû "brider" sa "liberté d'expression" "pour obtenir du soutien matériel". "Ce dilemme permanent a été l'un des aspects les plus douloureux de Meuf : défendre haut et fort les droits des femmes tout en réalisant que, pour obtenir des fonds, il fallait parfois se taire", raconte-t-elle. 

Les fois où elle a voulu défendre les droits des femmes, elle explique en avoir "payé le prix fort". "Perte de financements, harcèlement, attaques personnelles : ces choix ont eu un coût", confie-t-elle encore. 

L'autre obstacle est moral. Claire Suco révèle les "menaces de mort et de viol, des dickpics à répétition" qu'elle dit recevoir chaque jour depuis plus d'un an. De quoi entamer sa santé mentale. "J'ai donné une partie de ma santé, entre insomnies, crises d'angoisses, perte de poids", précise-t-elle. 

Malgré tout, l'entrepreneuse de 33 ans l'affirme, "(elle) ne regrette rien" et son militantisme est toujours là. "Je continuerai à me battre pour les droits des femmes et des minorités, quelle que soit la forme que cela prendra", déclare-t-elle. 

À l'heure de l'hégémonie des Tech Bros réunis derrière Trump et plus déterminés que jamais à promouvoir le masculinisme au détriment, notamment, des droits des femmes et des personnes LGBT, la toxicité des réseaux sociaux n'a jamais été aussi prégnante. 

Selon un rapport publié en novembre 2023 par le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, sur Instagram, 68% des contenus propagent des stéréotypes de genre, 27% contiennent des propos à caractère sexuel et 22% des propos à caractère sexiste. Sur TikTok, 61% des vidéos présentent des comportements stéréotypés masculins et 42,5% des séquences d’humour et divertissement contiennent des représentations dégradantes des femmes.

La lutte continue.