Pierre Gattaz : Notre priorité, c'est l'économie. L'économique tire le social. Nous privilégions un combat positif, c'est-à-dire pour l'entreprise et l'emploi. Car la solution contre le chômage, c'est l'entreprise. Notre taux de chômage est dramatique, notre pays plonge pour plusieurs raisons - croissance atone, formation inadaptée- mais aussi en raison de contraintes législatives et réglementaires qui paralysent l'embauche. Les entreprises ont peur de recruter à cause d'un Code du travail trop complexe. Je souhaite impulser une mobilisation concrète et collective pour une France qui gagne.
P. G. : Effectivement. Je veux que mon mandat marque un réel tournant en matière d'égalité hommes-femmes. Mais pour être certain que le sujet soit pris en compte à sa juste valeur, il doit être transversal à l'ensemble des travaux du Medef. C'est pourquoi j'ai demandé à deux pôles de s'emparer de ce sujet. Le pôle « Entrepreneuriat et Croissance », présidé par Thibault Lanxade, traite de l'égalité et de la mixité, et celui intitulé « Prospective-France 2020 » traitera des « Richesse des diversités ». Richesse, pourquoi ? J'ai toujours considéré le capital humain comme étant le premier élément de la valeur d'une entreprise. Il faut que cesse cette inégalité des chances où dans une génération donnée, quels que soient les diplômes, les titres, les compétences, les mérites personnels, le développement professionnel est plafonné. L'entreprise permet l'épanouissement personnel.
P. G. : Toutes les entreprises doivent mener une politique de ressources humaines volontariste jusqu'au plus haut niveau. Plus qu'une nécessité, la féminisation des équipes constitue un levier de progrès indispensable et un facteur de réussite permettant aux entreprises de gagner en souplesse, en résilience et en compétitivité. Nous avons besoin de toutes les compétences, nous avons besoin de tous les talents. Pour accompagner cette France qui gagne que je veux promouvoir, nous aurons besoin de tout le monde.
P. G. : Je souhaite mettre en place un « Test égalité » qui aura pour mission de vérifier que les propositions ou les mesures législatives ou réglementaires vont bien dans le sens de la parité et qu'elle n'affectent pas l'égalité hommes/femmes dans les entreprises. Les femmes ont un rôle majeur à jouer pour la compétitivité et pour rendre nos entreprises plus performantes. Dans un monde qui bouge, nos équipes devraient être le reflet de notre environnement en associant tous les talents.
P. G. : Oui bien sûr. De très belles initiatives ont été lancées par Laurence Parisot et il reste encore beaucoup à faire. L'entreprise doit être un lieu où l'on s'épanouit, c'est le plus bel endroit au monde après la famille. C'est une cellule humaine où nous créons de la richesse, où nous offrons aux jeunes et aux minorités la possibilité de s'intégrer, où nous développons l'employabilité, où nous donnons de la compétence, où, en un mot, nous donnons de la dignité humaine. Et c'est ce que je voudrais justement incarner avec mon équipe. Je veux faire en sorte que les hommes et les femmes de notre pays et que la France, les politiques aiment l'entreprise.
P. G. : J'approuve le principe et l'objectif car encore une fois, l'entreprise c'est la réunion d'hommes et de femmes et de tous les talents. Mais attention à ne pas ajouter des contraintes ou des obligations aux entreprises, qui sont asphyxiées par les réglementations. Si nous libérons la compétitivité, nous pourrons avancer sur nos objectifs d'égalité professionnelle et non pas l'inverse. Soyons incitatifs et non pas coercitifs.
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