Bérengère Poletti : En tant que femme politique et en tant que femme tout court, j’ai déjà ressenti le regard de certains hommes qui ne voient en vous qu’une femme, et c’est très agaçant, mais j’estime que c’est à nous de les remettre en place. J’ai été révoltée par les propos de Chantal Jouanno, la ministre des Sports, avouant qu’elle ne portait pas de jupe lorsqu’elle devait se rendre à l’Assemblée pour ne pas subir les remarques déplacées des hommes. Cette réaction n’est pas normale de la part d’une femme politique de son envergure, elle ne devrait pas s’incliner, pourquoi ne pas porter le voile dans ce cas ? Ne serait-ce que par respect les jeunes filles des quartiers difficiles, qui elles sont obligées de porter des pantalons pour sortir de chez elles, les femmes députées doivent se servir de leur pouvoir.
B. P. : Je trouve que le discours autour du machisme à l’Assemblée est caricatural : nous ne sommes pas de pauvres malheureuses, et les hommes ne sont pas une horde de bêtes sauvages. Pour avoir travaillé longtemps dans le milieu hospitalier, je peux vous dire qu’on trouve beaucoup plus de machos ailleurs que dans l’Hémicycle ! Ce déballage est humiliant pour mes collègues masculins, et rabaissant pour les femmes.
B. P. : Je n’ai aucun problème à porter une jupe lors des séances du Parlement, et je ne comprends pas bien cette polémique, il y a des pantalons bien plus voyants, et le débat ne devrait pas se situer à ce niveau. C’est pour cela qu’avec Valérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône, nous proposons un débat ce soir à la cafétéria de l’Assemblée sur le thème : « Les femmes de l’Assemblée nationale qui portent des jupes, qui respectent leurs collègues et en sont respectées », pour échanger sur le sujet et porter le débat sur les bonnes questions.
B. P. : Ces affaires posent la question des relations hommes-femmes dans les rapports de hiérarchie. C’est cela qui est insupportable dans de nombreux domaines, pas seulement en politique : beaucoup de salariées se plaignent des abus de pouvoir de leurs supérieurs, de mots et des gestes déplacés. C’est par là qu’il faut commencer. Nous devons accorder de l’attention et du crédit aux femmes qui se plaignent, car elles ont du mal à se faire entendre, dans une entreprise, le chef préfèrera défendre un cadre qu’une employée subalterne ou une femme de ménage. C’est pour cela que la question du plafond de verre et de la parité en politique est essentielle.
Bérengère Poletti est députée UMP de la 1ère circonscription des Ardennes.
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