Un registre centralisé des grossesses qui obligerait les médecins à signaler toutes les grossesses et fausses couches au gouvernement : c'est ce qu'envisagerait d'officialiser la Pologne dès le mois de janvier prochain. Soit, rappelle le Guardian, un an après que le pays ait imposé une interdiction quasi-totale de l'avortement.
Au Parlement polonais a été récemment adopté en première lecture un projet "d'institut de la famille et de la démographie" qui aurait effectivement pour but de "surveiller la politique familiale, se prononcer sur la législation et éduquer les citoyens sur le rôle vital de la famille dans l'ordre social, l'importance de la reproduction culturelle et sociale également", comme le rapporte le journal britannique.
"C'est une question de contrôle, il s'agit de s'assurer que les grossesses se terminent par l'accouchement", a déclaré la militante des droits des femmes Natalia Broniarczyk. Ce sont les droits des femmes et les données personnelles des citoyens qui se voient directement menacés par ces projets de loi répressifs.
"Ce projet vise exclusivement à promouvoir le modèle traditionnel de la famille. Cela pourrait aussi devenir un outil contre ceux qui s'inscrivent en dehors de ce modèle, par exemple ceux qui ne se conforment pas aux normes hétéronormatives", a fustigé en retour Adam Bodnar, militant polonais pour les droits des citoyens.
De même, relève encore le Guardian, nombreuses sont les militantes féministes à protester. En ligne notamment. De nombreuses activistes auraient ainsi envoyé par courrier électronique des photographies de leurs serviettes hygiéniques, tampons et sous-vêtements usagés au ministère polonais de la Santé, enrichies d'une inscription : "Je voudrais signaler poliment que je ne suis pas enceinte".
Le ministère de la Santé polonais, quant à lui, nierait tout projet de "registre de grossesse centralisé", préférant parler "d'un vaste projet de numérisation" des données médicales des citoyens.