Les manifestations auront porté leurs fruits. Le 22 octobre dernier, le tribunal constitutionnel de Pologne prenait la décision d'interdire l'avortement dans le cas de malformation grave du foetus, n'autorisant plus que les IVG suite à un viol, un cas d'inceste, ou au danger de mort de la mère. Dans un pays où seulement 1100 avortements légaux sont opérés chaque année, 98 % des procédures sont pratiquées pour cas de malformation grave du foetus, ce qui ne laisse que 2 % pour les "motifs" restants.
Pour témoigner de leur colère, les Polonais·e·s ont pris les rues, déclenchant la plus importante mobilisation depuis la chute du communisme. A Varsovie, vendredi 30 octobre, ils·elles étaient 100 000 à lutter pour les droits des femmes, et contre un gouvernement conservateur dirigé par le parti nationaliste et ultra-catholique Droit et Justice (PiS), qui n'a de cesse de les réprimer.
Et si quelques jours avant, le 27 octobre, le Premier ministre Mateusz Morawiecki défendait cette mesure en condamnant "la barbarie" dont seraient coupables les manifestant·e·s pro-IVG, le chef d'Etat semble avoir rétro-pédalé. Lundi 2 novembre, l'arrêt n'était toujours pas publié, donc la décision pas encore rentrée en vigueur.
"Une discussion est en cours, et il serait bon de prendre un peu de temps pour le dialogue et pour trouver une nouvelle position dans cette situation, qui est difficile et suscite de grandes émotions", a déclaré mardi 3 novembre aux médias polonais Michał Dworczyk, le chef du cabinet du Premier ministre.
De son côté, le président Andrzej Duda, a suggéré une nouvelle proposition qui autoriserait l'avortement en cas de malformations congénitales mettant la vie en danger, mais pas pour des affections telles que la trisomie 21. Un projet qui risque cependant d'être critiquée des deux côtés, analyse The Guardian : probablement jugé trop faible par l'extrême droite de la coalition au pouvoir, et comme n'allant pas assez loin par les manifestant·e·s.
Le gouvernement se retrouve dos au mur, observe Le Monde, et surtout pris par surprise : l'indignation qui fait suite à la décision du Tribunal constitutionnel dépasse les habituels groupes d'opposition au PiS. Ainsi, les sondages montrent qu'une grande partie de la base électorale du parti n'est pas favorable à des restrictions plus strictes en matière d'avortement. Espérons seulement que la balance penche en faveur des droits des femmes. Et qu'enfin, les choix qui concernent leur corps leur reviennent entièrement.