On pensait avoir touché le fond il y a deux ans quand l'eurodéputé FN Dominique Martin avait sérieusement proposé aux femmes de "libérer des emplois" pour s'occuper de leur foyer et réduire le chômage. C'était mésestimer le potentiel de Janusz Korwin-Mikke.
Ultra-conservateur, libertaire et ouvertement monarchiste (il adorerait abolir le droit de vote), ce sympathique homme politique polonais a pris la parole lors d'un débat au Parlement européen consacré aux inégalités salariales ce mercredi 1er mars.
Inutile de faire durer le suspense : non seulement Janusz Korwin-Mikke est opposé à toute tentative législative pour réduire les inégalités de salaire entre les femmes et les hommes (16% en moyenne en Europe). Mais en plus, il a déclaré devant une assemblée de députées médusées que ces inégalités étaient justifiées.
"Savez-vous quel rôle ont occupé les femmes aux Olympiades grecques ? La première femme à y avoir participé, je vous le dis, a été classée 800e. Savez-vous combien de femmes il y a parmi les cent meilleurs joueurs d'échecs ? Je vais vous le dire : aucune. Bien sûr, les femmes doivent gagner moins que les hommes. Parce qu'elles sont plus faibles, plus petites, moins intelligentes. Elles doivent gagner moins, c'est tout."
Aussitôt assis, Janusz Korwin-Mikke s'est fait remettre à sa place par l'eurodéputée socialiste espagnole Iratxe García Perez : "Selon votre théorie, je n'aurais pas le droit de me tenir ici, comme députée.Je sais que vous souffrez et que vous avez peur que les femmes aujourd'hui puissent représenter les citoyens sur un pied d'égalité avec vous. Si je suis ici, c'est pour défendre les femmes européennes contre des hommes comme vous."
"Non seulement [ces propos] sont offensants contre les femmes, mais ils trahissent les valeurs de l'ensemble de l'Union européenne" a pour sa part tweeté l'eurodéputée maltaise Roberta Metsola.
Selon El País, la cheffe de file des eurodéputés socialistes, l'Italienne Gianni Pittella, a demandé que soit prise "une sanction exemplaire contre les déclarations honteuses de Korwin-Mikke, qui vont à l'encontre des principes de l'égalité entre les sexes qui prévalent au sein de cette institution." Son compatriote Antonio Tajani a annoncé qu'une enquête sur l'homme politique polonais pourrait conduire à des sanctions.
Janusz Korwin-Mikke n'en est pas à sa première sortie controversée. Véritable troll du Parlement européen, il a été sanctionné à deux reprises en raison de ses prises de parole racistes et misogynes.
En 2012, lors des Jeux paralympiques de Londres, il avait déclaré que le grand public "ne devrait pas se voir imposé des personnes handicapées à la télévision". En 2014, il a affirmé que la différence entre le viol et les rapports sexuels consensuels est très subtile et s'est à plusieurs reprises exprimé pour interdire le droit de vote aux femmes car elles "sont moins investies en politique et sont en faveur de dépenses sociales plus élevées".
En 2015, il a fini par être démis de ses fonctions de chef du Congrès de la Nouvelle Droite, ce qui ne l'a pas empêché en juillet de la même année d'être suspendu et de devoir s'acquitter d'une amende de 3 000 euros pour avoir fait un salut nazi pendant une séance au parlement européen.