Quoi de mieux pour un bon film d'horreur... Que l'horreur réelle ?
Ca, c'est la réflexion de James McAvoy, l'acteur insaisissable de X Men, Wanted : choisis ton destin et surtout de Split, le hit de M Night Shyamalan où l'Ecossais incarne un tueur à multiples personnalités. Vrai exercice de style que ce thriller psychologique très conceptuel... aujourd'hui prolongé par la toute nouvelle partition du comédien : interpréter un psychopathe, oui, encore un !, dans l'intriguant Speak No Evil, huis clos bien oppressant en salles ce 11 septembre.
Speak No Evil, histoire d'un couple passant le week end en compagnie d'une famille plutôt... Atypique, dirons nous, n'éclot pas de rien : c'est le remake d'une belle curiosité du cinéma suédois, dérangeante et cruelle. Dans cette nouvelle version assurée par le metteur en scène du traumatisant Eden Lake (un classique du genre !), McAvoy incarne l'antagoniste : un pater familias chelou, potentiellement bien dangereux, qui va progressivement susciter un effroi sans nom. Et dans le magazine EMPIRE, l'acteur explique s'être inspiré... D'Andrew Tate.
A savoir ?
Un célèbre influenceur anglo-américain aux multiples controverses, banni de plusieurs réseaux sociaux à cause de sa dangerosité et arrêté le 29 décembre 2022 en Roumanie pour... "Traite d'êtres humains" et "séquestration".
Tate est une figure de proue des masculinistes. Le masculinisme, c'est cette idéologie misogyne qui prône la haine des femmes, désignées comme naturellement manipulatrices. Un mouvement auquel l'on associe les Incels, ces célibataires "involontaires" désignant les femmes comme les responsables de leur frustration sexuelle...
Le masculinisme, une horreur bien réelle pour James McAvoy !
Pour l'acteur, rien de tel que la figure d'Andrew Tate pour composer un personnage de patriarche hyper toxique. On le lit dans Empire : "Ce que je pensais pouvoir exploiter dans le personnage, c'est son côté 'Je vais t'apprendre ce que c'est que d'être à nouveau un homme', derrière son expression polie, son côté : 'As-tu une b*te assez grosse pour prendre un verre avec moi ?'..."
Bref, la star a puisé dans "un certain de niveau masculinité toxique", comme il l'énonce lui-même, un virilisme grotesque et, finalement, très menaçant pour les personnages qui l'entourent.
Décrit par le Guardian comme un "sexiste autoproclamé" aux propos "extrêmement misogynes", Tate est un ex kickboxer et participant d'émission de télé-réalité qui a alerté de nombreuses associations dénonçant son "idéologique haineuse et intolérable". D'autant plus alarmant que ses contenus étaient extrêmement viraux sur TikTok.
Mélanie Gourarier, chercheuse au CNRS, auprès de TV5 Monde : "Le masculinisme prône le rétablissement d'une société imaginaire qui reposerait sur une dominance totale des valeurs masculines. La masculinité y est considérée comme constamment menacée. On peut lier cela à une société dont les valeurs se masculinisent de plus en plus à travers d'autres pendants politiques : le populisme, la montée des extrêmes droites, une politique raciste, sexiste, homophobe"
Tout un programme, n'est-ce pas ? Auquel ce personnage de grand méchant loup moderne et réaliste devrait faire diablement écho... Une horreur bien réelle à ne pas ignorer : lire à ce sujet l'enquête très complète de la journaliste Pauline Ferrari, intitulée à juste titre : Formés à la haine des femmes.