Pendant que les Français s'écharpent au sujet des menus végétariens, les Américains, eux, bavent devant les menus dans les cantines françaises. En guerre contre l'obésité infantile, le gouvernement américain tente depuis plusieurs années de révolutionner la restauration scolaire. Mais il semblerait que le problème soit culturel. En effet les chercheurs qui se sont penchés sur les menus proposés aux enfants en France notent la grande variété des aliments, par comparaison avec la monotonie des repas dans les écoles américaines.
Le site Quartz liste ainsi, sur 5 jours, les menus proposés à des élèves du 17ème arrondissement de Paris et des élèves d'une école new-yorkaise. Alors que les écoliers français ont le droit à des plats raffinés et riches en saveurs différentes, les petits Américains se voient servir des repas où dominent le pain, les frites et le fromage. Quelques légumes leur sont proposés, mais seulement en accompagnement.
Cet écart entre les menus français et les menus américains illustre les différentes approches de l'éducation au goût aux Etats-Unis et en France. "Les Français pensent - et ils ont fait des études scientifiques pour le démontrer - qu'on peut apprendre aux enfants à manger tout comme on peut leur apprendre à lire. Les pédiatres donnent aux parents des listes des aliments qu'ils devraient faire essayer à leurs enfants. On attend des jeunes enfants qu'ils goûtent du museau de porc au vinaigre", explique Karen Le Billon, auteure de l'ouvrage Les enfants français mangent de tout.
Et dans les cantines l'accent est mis sur l'aspect nutritionnel. La plupart des repas sont pauvres en graisses et les enfants ne mangent des aliments frits qu'en de rares occasions, tandis que le ketchup est limité à un repas par semaine, quand il n'est pas carrément interdit des cantines. On sert aux élèves de l'eau et des légumes sans se poser de question. Autre différence majeure : les enfants ont du temps pour manger, puisque l'Education nationale exige que les élèves bénéficient d'une demi-heure pour se restaurer, contre huit minutes en moyenne aux Etats-Unis.
Si les initiatives récentes pour encourager les élèves américains à adopter une alimentation plus saine commencent à avoir des effets positifs, ceux-ci rechignent encore à manger les fruits et des légumes qu'on leur impose de prendre à la cafétéria et préfèrent souvent apporter leur propre lunchbox à l'école.
Ce qui pose la question suivante : ne faudrait-il pas que le peuple américain change d'attitude par rapport à la nourriture et intègre la notion très française de "convivialité" afin que manger devienne synonyme de "savourer" et non de "se sustenter" ?