C'est la vice-présidente de l'université de Lille, Sandrine Rousseau, également présidente de l'association Parler, qui est à l'origine de cette initiative détonante en France : la distribution du 14 au 17 janvier de 30 000 kits de protections périodiques à ses étudiantes.
Elle explique la démarche : "Cela rencontre une demande des étudiantes, dès que j'en ai parlé, il y a eu un enthousiasme fort derrière l'idée. Je sais que c'est un sujet, qu'il y a déjà eu une campagne par exemple sur une baisse de TVA sur ces produits, il y a le cas de l'Écosse [qui distribue ces produits gratuitement]. C'est un sujet quand on a un budget extrêmement restreint : est-ce que ce sont vraiment ces produits qui sont la priorité ? C'est également une question d'équité et de santé. Parce qu'il y a beaucoup d'étudiantes qui rognent sur ce budget et ce n'est pas bon".
Pour la vice-présidente de l'université, cela a été plutôt facile de demander les budgets : "Il y a toujours eu des votes pour, en direction ou en commission Fonds de Solidarité et de Développement des Initiatives (FSDIE). Par contre, cela a surpris, il a fallu expliquer les raisons mais cela a soulevé de l'enthousiasme".
Si cette initiative est utile pour lutter contre la précarité menstruelle, pour Sandrine Rousseau, ce n'est pas suffisant : "Là, on a 30 000 kits mais l'idée c'est d'aussi de lancer un appel aux fondations et aux partenaires intéressés pour nous aider à compléter que l'on puisse pallier à tous les besoins, parce que là je pense qu'on n'y arrivera pas. C'est un premier geste qui invite également au débat et à la diffusion de bonnes pratiques."
Les points de distribution seront à l'entrée des campus, sur des lieux de passages importants, qui seront signalés sur un site internet. Celles qui souhaitent en bénéficier devront présenter leur carte étudiante à raison d'un kit par personne.
Elles pourront choisir entre des serviettes, des tampons et des cups différent·es selon leur flux. Ce qui permet pour celles qui utilisent cette dernière d'être plus "autonome dans le temps", comme l'explique Sandrine Rousseau.
Elle ajoute : "J'ai eu plusieurs retours de gens qui me disaient : 'Pourquoi ne pas leur laisser le choix d'acheter ce qu'elle veulent ?'. Mais ce n'est pas un choix d'acheter ça. C'est un besoin, c'est une nécessité. Alors peut-être que ce genre d'opérations, cela permet aussi de dire cela. Que non seulement, ces produits sont extrêmement chers, mais en plus, c'est quelque chose dont on ne peut pas se passer. A moins de vivre dans des conditions de dignité qui ne sont pas correctes. Moi je préfère qu'elles dépensent cet argent pour un livre ou même une sortie cinéma si elles veulent plutôt que de s'acheter des serviettes et des tampons."
Le projet, qui sera reconduit l'année prochaine, a coûté 56 000 euros : "C'est un effort réel que fait l'université".
La distribution ne durera que quatre jours mais les kits restants seront mis à disposition dans des points de l'université comme le centre de santé ou des associations.
Mais ça n'est qu'un lancement : "L'idée, c'est que cela soit une première étape vers quelque chose d'autre. Là le coût, on l'a supporté tout seul mais on lance un appel pour trouver des partenaires pour des distributions pérennes."
Cette initiative de l'université de Lille en appellera peut-être d'autres pour réduire la précarité des étudiantes. En avril 2018, la mutuelle étudiante LMDE avait déjà prévu le remboursement des protections périodiques dans l'une de ses mutuelles.