Voilà des livres qu'on n'aimerait pas franchement avoir entre les mains et c'est pourtant loin d'être les seuls bouquins fabriqués à base de peau humaine...
C'est le site Buzzfeed qui s'est intéressé à la question et a mené sa petite enquête, pour retrouver la trace d'une jeune femme dont la peau a servi à relier trois ouvrages différents, aujourd'hui conservés à la bibliothèque médicale de Philadelphie aux Etats-Unis.
L'histoire commence en 1869, en Irlande, pays d'origine de cette mystérieuse "donatrice" baptisée Mary Lynch. A 28 ans, la jeune femme est déjà veuve et doit se faire hospitaliser parce qu'elle a contracté la tuberculose. Une malchance de plus, qui incite sa famille à prendre particulièrement soin d'elle. Et si l'époque était effectivement radicalement différente de la nôtre, la nourriture de l'hôpital était déjà immangeable.
Désolée de la voir aussi mal en point, sa famille vient donc très souvent lui rendre visite et n'hésite pas à lui apporter des petits plats faits maison à son chevet. Une attention délicate, qui va pourtant causer la mort de la jeune femme. Décédée 6 mois après son admission, Mary Lynch doit être normalement enterrée mais le corps médical décide néanmoins de pratiquer une autopsie pour déterminer les causes exactes de son décès.
A seulement 23 ans, l'étudiant en médecine John Stockton se porte volontaire pour l'opération et découvre avec effarement que le corps de Mary Lynch est infesté de parasites de type Trichinella spiralis. Une colonie de petits vers, qui s'étaient infiltrés dans le corps de la patiente par la faute du porc à la bolognaise mal cuit que sa famille lui avait gentiment apporté...
Le médecin décide alors de prélever une partie de la peau des cuisses de Mary Lynch pour la conserver.
Une pratique qui choquerait n'importe qui aujourd'hui, mais qui pouvait se faire à l'époque sans que personne ne moufte (aucune trace de l'accord de la famille de Mary Lynch n'a pu être retrouvée). Pendant un mois, la peau de la jeune femme fermente ainsi dans un pot avant de servir de reluire à trois ouvrages bien spécifiques en rapport avec les femmes et la procréation ("Speculations on the Mode and Appearances of Impregnation in the Human Female" 1789; "Les Nouvelles Decouvertes sur Toutes les Parties Principales de L'Homme et de la Femme" 1680 et "Recueil des Secrets de Louyse Bourgeois" 1650).
Précieusement gardés sous clefs dans l'une des salles fermées au public de la bibliothèque, ces bouquins morbides ne sont consultables par le commun des mortels que quelques jours par an lors de très rares expositions.
Et cet exemple est loin d'être un cas isolé, comme le soulignent les experts sur Buzzfeed : "La confection de livres à base de peau humaine se passait généralement à cette période, c'est-à-dire au XIXème siècle. Cependant, d'autres bouquins similaires datant cette fois-ci du XVème siècle ont également été retrouvés".
De nombreux exemplaires de la Bible sont effectivement reliés à base de peau humaine, ainsi que quelques copies de "Justine et Juliette" du Marquis de Sade.
Selon les experts cités dans l'article, cette pratique aurait pour but de rendre hommage à un patient décédé. Quant à la chair de criminels condamnés à mort, elle servait également à relier les comptes rendus de leur procès. Ragoûtant, non ?