C'est une découverte à filer la chair de poule. Mercredi 4 juin, la Houghton Library, bibliothèque de la prestigieuse université d'Harvard, dans le Massachussetts, a révélé que l'un des ouvrages de son fond n'était non pas relié en peau de chèvre ou de mouton, comme c'est habituellement le cas, mais ... en peau humaine. De la peau de femme précisément, révèle l'étude scientifique qui a entrepris d'examiner l'étrange couverture.
L'ouvrage en question, Des Destinées de l'âme écrit en 1879 par l'auteur français Arsène Houssaye, n'a pourtant rien d'une ode au cannibalisme ou à une quelconque pratique morbide. Essai sur la vie après la mort, Des Destinées de l'âme aurait été offert par Arsène Houssaye à Ludovic Bouland, un célèbre médecin du XIXe siècle. Ce dernier aurait entrepris de recouvrir l'ouvrage de la peau d'une de ses patientes. Atteinte de démence, celle-ci serait morte d'une rupture d'anévrisme. Ludovic Bouland a d'ailleurs laissé une note à l'intérieur de l'ouvrage justifiant sa démarche : « Ce livre est relié en peau humaine parcheminée, c'est pour lui laisser tout son cachet qu'à dessein on n'y a point appliqué d'ornement. En le regardant attentivement on distingue facilement les pores de la peau. Un livre sur l'Âme humaine méritait bien qu'on lui donnât un vêtement humain : aussi lui avais-je réservé depuis longtemps ce morceau de peau humaine pris sur le dos d'une femme. Il est curieux de voir les aspects différents que prend cette peau selon le mode de préparation auquel elle est soumise. La comparer par exemple avec le petit volume que j'ai dans ma bibliothèque, Sever. Pinaeusde Virginitatis notis qui lui aussi est relié en peau humaine mais tannée au sumac. »
D'ailleurs, relève le blog de la Houghton Library, relier des livres avec de la peau humaine n'était pas si rare il y a plusieurs siècles. Appelée « bibliopégie anthropodermique » cette pratique a fait son apparition au XVIe siècle et a perduré jusqu'au XIXe siècle. « «Il y a de nombreuses références d'occurrences similaires au XIXe siècle, où des corps de criminels exécutés ont été donnés à la science, et leur peau donnée à des tanneurs et relieurs », explique le blog de la bibliothèque d'Harvard, qui précise toutefois que Des Destinées de l'âme est le seul exemplaire de ses rayons relié en peau humaine.