Angela Merkel, qui vient d'être réélue à la tête de l'Allemagne pour un troisième mandat, a créé la surprise lors de l'annonce de la composition de son nouveau gouvernement. En effet, au ministère de la Défense, la chancelière a nommé Ursula von der Leyen. Âgée de 55 ans, cette dernière est la première femme à hériter de ce poste régalien dans le pays. Mais outre le caractère inédit de la chose, cette nomination surprend en raison de la personnalité de la quinquagénaire. Née en Belgique en 1958, Ursula von der Leyen est la fille d'Ernst Albrecht, un haut fonctionnaire européen, longtemps ministre-président de l'état régional de Basse-Saxe. Brillante, bardée de diplôme, elle est titulaire d'un doctorat de médecine obtenu à l'université d'Hanovre et d'un diplôme d'économie de l'université américaine de Stanford. Elle parle par ailleurs couramment l'anglais et le français.
Sur le plan familial, la nouvelle chef des armées allemandes - qui n'a d'ailleurs aucune connaissance particulière dans ce domaine -, est l'épouse du professeur de médecine Heiko von der Leyen avec lequel elle a eu sept enfants. Pourtant, chose rare en Allemagne où les femmes doivent faire un choix entre leur rôle de mère et leur carrière, Ursula von der Leyen incarne, elle, la modernité et n'entend pas sacrifier sa vie professionnelle à ses enfants. D'ailleurs, entre 2005 et 2009, alors qu'elle est ministre de la Famille, elle mène une politique novatrice aux antipodes des positions de son parti, la CDU. Au risque de choquer les conservateurs, elle encourage en effet le développement des crèches afin que les femmes puissent concilier vie professionnelle et familiale. Elle milite également pour permettre aux pères de prendre un congé parental rémunéré à la naissance de leur enfant. Nommée ministre du Travail en 2009, dans le deuxième gouvernement d'Angela Merkel, celle qui incarne l'aile sociale et progressiste de son parti se fait encore remarquer au printemps 2011 en plaidant pour l'instauration d'un quota légal de femmes dans les directions d'entreprise, une mesure à laquelle la Chancelière est fermement opposée.
Mais malgré ses opinions tranchées et la méfiance de son parti à son égard, Ursula von der Leyen est devenue en moins d'une décennie l'une des figures clés de la scène politique allemande. Selon radio-canada.ca, « son franc-parler », « son style direct et simple » ainsi que « sa volonté de pousser la formation conservatrice vers le centre » font d'elle « l'un des dirigeants les plus populaires de la CDU ». Certains observateurs vont plus loin, voyant en cette ambitieuse politicienne l'héritière d'Angela Merkel.