Extorsion, exploitation sexuelle de mineure, enlèvement, corruption et travail forcé : si les chefs d'accusation de ces crimes - allant sur une période de 1994 à 2018 - sont avérés, R. Kelly risque une peine de prison allant de dix ans à la perpétuité. Encore aujourd'hui, en plein procès, le chanteur de 54 ans continue pourtant de nier. Et ce, malgré les témoignages incriminants des victimes supposées.
A ces récits de femmes s'est ajouté, ce lundi 30 août, celui d'un homme qui se fait appeler Louis, et qui a de son côté été accusé, puis a plaidé coupable en 2021, de tentative de corruption sur une potentielle témoin dans la même affaire. Un fait motivé par la crainte, explique-t-il, que la jeune femme diffuse des vidéos de ses ébats sexuels avec l'artiste. A la barre, il a raconté les faits tels qu'il les a vécus - une façon pour les procureurs de renforcer leur portrait d'un prédateur. Des souvenirs qui datent de 2006, alors qu'il avait 17 ans.
D'abord, sa rencontre avec Robert Kelly. A l'époque, il travaillait la nuit dans un McDonald's situé dans le quartier de l'accusé, à Chicago, où ce dernier lui aurait laissé son numéro de téléphone. Louis est ensuite venu à l'une de ses soirées accompagné de ses parents, "puis il m'a dit que ce serait mieux si je venais une fois tout seul", se remémore-t-il devant le tribunal de Brooklyn, rapporte l'AFP.
S'en suit une question accablante : "il m'a demandé ce que je serais prêt à faire pour la musique", avant de l'interroger sur ses "fantasmes" impliquant des hommes et de se mettre "à genoux pour [lui] faire une fellation".
Ensuite, "il m'a dit de rester entre lui et moi", ajoutant "nous sommes une famille maintenant, nous sommes des frères", poursuit Louis. Ou encore lui a demandé de l'appeler "papa" - déclaration qui fait écho au témoignage de plusieurs accusatrices. Louis continue : un autre jour, R. Kelly a "claqué des doigts", une jeune femme est apparue et s'est "allongée" sur lui. Une nuit, il s'est réveillé à côté de l'accusé sans savoir ce qu'il s'était réellement passé.
Le même jour, une jeune femme est également passée à la barre en tant que témoin, racontant comment lors d'un concert de l'artiste à Miami, en 1994, elle avait été approchée par deux de ses hommes, "qui ressemblaient à des videurs", avec une amie. Une fois dans sa loge, celui qu'elle décrit comme son agresseur aurait fait partir tout le monde de la pièce, se serait approché d'elle, lui aurait tenu les poignets et l'aurait violée.
"A ce moment-là, j'étais en état de choc total", a-t-elle déclaré à la cour. "J'ai juste eu un blanc." Son amie a voulu l'emmener porter plainte auprès de la police, mais elle refuse. "Je ne savais même pas s'ils allaient me croire. Je ne voulais pas souffrir de victime-shaming." Aujourd'hui, elle n'a plus peur. "Je suis une adulte maintenant", a-t-elle lancé, retenant ses larmes. "Je ne suis plus une petite fille."
L'agence Reuters rappelle quant à elle que, si ce procès-là est censé durer un mois et vient d'entamer sa troisième semaine, R. Kelly "fait aussi face à des charges criminelles liées à des abus sexuels sur mineurs en Illinois et dans le Minnesota". Affaire à suivre.