Dimanche dernier, au Kazakhstan, 30 femmes ont été arrêtées et jetées dans les fourgons de la police alors qu'elles portaient sur leurs têtes leurs petites culottes en dentelle et criaient « Liberté pour nos sous-vêtements ! » Ce mouvement de protestation judicieusement baptisé « Panty Riot » par The Guardian, réagit à une loi qui doit entrer en vigueur le 1er juillet 2014 en Russie, au Bélarus et au Kazakhstan, les trois pays qui constituent « L'Union douanière », une zone de libre-échange créée par Vladimir Poutine pour entrer en concurrence avec l'UE.
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D'après cette loi, les sous-vêtements fabriqués avec moins de 6% de coton ne pourront plus être importés, fabriqués ou vendus dans la zone de libre-échange, ce qui revient à éliminer des rayons 90% des petites culottes et soutien-gorge actuellement commercialisés. La raison officielle invoquée pour justifier cette drôle de décision est sanitaire : elle vise à protéger les consommatrices des méfaits des textiles bon marché sur leur santé. Un constat qui n'est pas sans fondements : des spécialistes dénoncent en effet l'impact négatif de ces matières portées à même la peau. Le problème est que d'après la rédaction erronée de ce texte, l'interdiction concernerait même plus généralement la lingerie en dentelle, qui n'absorberait pas le minimum de 6% d"humidité.
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D'après l'Union du commerce textile russe, le marché de la lingerie représente un chiffre d'affaires de 4 milliards de dollars par an en Russie, et 80% de la marchandise est fabriquée à l'étranger. On soupçonne Vladimir Poutine de chercher à pousser une production locale au détriments des marques installées... Lors du vote du texte en 2012, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avait dénoncé une mesure de « re-soviétisation de la région ». Pour les manifestantes en effet, cette loi représente une nouvelle tentative pour réguler et contrôler davantage les pays de l'ex-Union soviétique.
La commission économique Eurasienne, chargée de réglementer l'Union douanière, pourrait revenir sur le texte dans les prochains jours, pour éviter la faillite annoncée des magasins de sous-vêtements. En attendant, le mouvement « Panties for the President » devrait continuer ses actions en Russie, de peur de devoir se contenter désormais de culottes en coton made in Russia. Un comble alors que la délégation russe aux JO de Sotchi a manifesté en photo son goût pour la lingerie fine...
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