"Septième ciel", la réjouissante série qui explore la sexualité des seniors

Jacques a l'oeil bleu sombre et le sourcil froncé. Sa fille, Isabelle, ne supporte plus leur cohabitation : il est temps de le placer dans une résidence pour personnes âgées. Jacques, parfaitement autonome, semble mal accepter cette répudiation. Au point d'avoir des idées (très) noires. Jusqu'à ce qu'il croise la pétulante Rose au détour d'un couloir de l'EHPAD. Elle est solaire, élégante et semble trouver ce petit nouveau très à son goût. Après une brève parade de séduction, les deux septuagénaires vont se mettre en couple. Et cette relation ne sera pas platonique, loin de là.

Septième ciel raconte l'histoire d'une délicieuse renaissance, celle de l'esprit qui s'était mis en veilleuse, celle du corps que l'on avait délaissé. La créatrice Clémence Azincourt, avec la participation d'Alice Vial (qui réalise l'intégralité des épisodes), ose montrer ces peaux ridées que l'on ne voit que trop peu, ces visages patinés par le temps et les placent au coeur de son récit. Leur regard posé sur ce couple se fait doux et sensuel.

Ici, il est question de désir, de liberté et de réveil charnel, autant d'élans que l'on pensait relégués au passé. Dans cette série, la sexualité des seniors se voit, se dit et se raconte aussi. On y papote de cul joyeusement et sans fausse pudeur. Des dialogues crus mais jamais vulgaires, qui brisent le tabou de la libido chez les aîné·e·s.

Sur le papier, il y avait de très nombreuses raisons de se réjouir de Septième ciel. La principale ? Son audace. Faire des seniors les personnages principaux d'une fiction était un projet diablement culotté. Car les protagonistes ayant dépassé la soixantaine restent encore bien trop rares sur nos (petits et grands) écrans, soigneusement planqués par une industrie jeuniste. Mais la scénariste Clémence Azincourt démontre avec brio qu'il est possible de créer de jolies histoires autour des "vieux", en évitant d'associer le troisième âge au glauque et à la décrépitude. Bien au contraire.

Magnifiquement interprétés par Sylvie Granotier et Féodor Atkine, Rose et Jacques ressemblent à deux ados prisonniers d'un pensionnat où on les bride et les flique. Car si leur passion bouleverse leurs proches, elle interroge aussi le petit monde de l'EPHAD. L'occasion d'épingler gentiment cette tendance à infantiliser et objectifier les seniors à travers une truculente galerie de portraits, du binôme perché de la direction (extraordinaires Jean-Louis Garçon et Peggy Martineau) à la stagiaire aide-soignante "Gen-Z" (Justine Lacroix, géniale).

Mêlant humour aux accents british et comédie romantique, Septième ciel est un petit bijou de fantaisie et de tendresse, justement récompensé au dernier Festival de la fiction de La Rochelle. On se régale.

Septième ciel

Une série de Clémence Azincourt

Avec Sylvie Granotier, Féodor Atkine, Irène jacob...

Diffusée sur OCS dès le 19 janvier 2023