Au Canada, dans la région de la Mauricie au Québec, une équipe de filles qui avait été autorisée à jouer dans la ligue des garçons et qui avait gagné la demi-finale sera interdite de finale.
Cette mésaventure est arrivée à l'équipe de hockey sur glace des Rafales en catégorie pee-wee, c'est-à-dire les 11-12 ans.
Pour ne pas les laisser désoeuvrées pendant plusieurs semaines entre deux compétitions, on leur avait fait la faveur de jouer dans la ligue des garçons, dans laquelle les Rafales ont gagné tous leurs matchs jusqu'à arriver à la demi-finale qu'elles ont gagnée.
Mais comme l'équipe gagnante de la catégorie disputera ensuite le tournoi provincial garçons, les jeunes Rafales n'ont pas été autorisées à jouer la finale. Elles seront remplacées par l'équipe de garçons qu'elles ont battue en demi-finale.
La ministre québécoise responsable de la Condition féminine du Québec, Isabelle Charest, ancienne médaillée olympique en patinage de vitesse, est en accord avec cette décision et ne compte pas intervenir selon des propos rapportés par Radio-Canada : "Les filles ont déjà leur tournoi provincial avec la Coupe Dodge, la compétition sert de classement pour les équipes masculines et on leur a donné un accommodement pour leur permettre de jouer."
Mais cette décision ne plaît pas à tout le monde. Radio-Canada a interrogé Danièle Sauvageau, directrice générale de l'équipe de hockey féminin des Carabins de l'Université de Montréal. Elle estime qu'il y a eu un manque "d'humilité" et "d'équité".
"Si cette équipe-là est capable de jouer et qu'on l'a acceptée pour jouer dans le tournoi, les dirigeants doivent avoir l'ouverture de leur permettre de continuer. Si on pouvait parler enfin simplement de jouer au hockey, d'arrêter de dire que ce sont des garçons ou des filles, alors que ce sont des équipes de hockey, des jeunes. On a le devoir de leader et d'être des modèles" explique-t-elle.
Elle encourage ensuite le développement au maximum des équipes féminines et "si dans certaines régions, ça veut dire de jouer avec les garçons, et bien ce sera ça".
Par ailleurs, Radio Canada rappelle un précédent datant de 2016. Une équipe de baseball du même âge que les Rafales avait joué en ligue masculine et avait réussi à gagner leur demi-finale. Leur entraîneur Dave Courey avait réussi à convaincre la fédération locale de changer la règle afin qu'elles puissent jouer la finale qu'elles ont gagnée. Elles ont ainsi pu représenter leur région lors des finales provinciales.
Leur entraîneur déclare à Radio-Canada : "Les filles ont gagné, c'est à elles de faire la finale. Un règlement, ça se change. Nous, on l'a fait."
Des précédents qui rappellent également l'histoire d'une équipe de football de filles en Espagne qui avait gagné en 2017 l'équivalent de la Ligue 2 masculine de 12-14 ans. Trop fortes pour leur catégorie, le directeur de leur club les avaient inscrites chez les garçons pour avoir des adversaires "plus forts" et ainsi faire des progrès. Les parents avaient protesté, estimant que leurs fils étaient humiliés de se faire battre par des filles.
Cette année, c'est une cycliste dans une course féminine en Belgique, qui avait été bridée parce que trop rapide. Elle avait rejoint la course masculine qui était partie avant elle.