Le 2 mars, Nicole Hanselmann, 27 ans, membre de l'équipe Bigla Pro Cycling Team et championne de Suisse de cyclisme sur route en 2017, prend le départ de la course de l'Omloop Het Nieuwsbald, parcours classique de la discipline qui relie Gant à Ninove, en Belgique. La Suissesse attaque dès le 7ème kilomètre et avance si bien qu'au bout de 30 kilomètres, elle se détache du peloton, en tête, et se lance dans une échappée solitaire. Elle a même 8 minutes d'avance sur le reste des concurrentes. Quelques instants après, elle aperçoit les voitures balais du peloton masculin.
La course est organisée en canon, de telle façon que les hommes partent en premier car ils effectuent un parcours plus long de 78 km que celui des femmes. On s'attendait donc à ce que les premiers soient plus rapides, mais en aucun cas que ces dernières puissent les rattraper.
Nicole Hanselmann est donc à deux doigts de rejoindre les hommes. Elle en fait d'ailleurs le récit sur son compte Instagram, et cite "ce moment étrange où [elle] pouvait presque apercevoir la queue du peloton homme. Peut-être que les autres femmes allaient trop vite, et les hommes trop lentement".
Sauf que c'est là que l'affaire se corse. Pour ne pas déranger l'épreuve masculine, et que les deux courses évitent de se télescoper, l'organisation décide d'arrêter pendant 5 minutes celle des femmes. 5 minutes cruciales, surtout lorsque l'on est en plein effort. Nicole Hanselmann et ses concurrentes se retrouvent donc au point mort pendant 300 secondes, puis repartent. Les hommes eux, n'ont pas eu à s'en soucier.
La cycliste suissesse finira la course à la 74e place, rattrapée par les autre participantes. On se demande toutefois, comme l'écrit CNews à juste titre, quel aurait été le résultat si elle avait pu continuer sans être forcée à interrompre sa performance. "J'étais triste parce que j'avais de bonnes sensations, mais quand les filles du peloton vous voient arrêtée, elles trouvent une nouvelle motivation pour vous rattraper [...] ça tue vos chances de victoire", rapporte-t-elle à Cyclingnews.
Et surtout se demander si l'inverse, neutraliser la course masculine si elle avait dépassé ses consoeurs féminines, aurait eu lieu. Flanders Classics, l'organisateur, n'y aura pas apporté de réponse, comme l'indique Ouest-France : " À l'avenir, l'organisation, en consultation de toutes les autorités, envisagera de donner le départ de la course féminine plus tardivement de quelques minutes, afin d'éviter tout conflit entre les courses masculine et féminine. Flanders Classics reste engagé à un départ et une présentation commune des équipes et à la promotion du cyclisme féminin".