On connaît les critiques portées envers la conception sexiste de certaines figures iconiques du jeu vidéo, comme l'aventurière Lara Croft - pour ne citer qu'elle. Bien souvent, le regard masculin se ressent à travers la manière dont les personnages féminins de l'univers vidéoludique sont conçus, écrits, mis en scène. Cela s'observe notamment par leurs proportions physiques irréalistes ou leur manière de se mouvoir.
Et si on inversait la donne ? C'est là l'idée de l'association Women in Games. Afin de dénoncer les stéréotypes sexistes dans le jeu vidéo, le collectif féministe a proposé à plusieurs streameuses (des joueuses aguerries de la plateforme Twitch) de faire découvrir à leur audience des versions modifiées de jeux vidéo comme Street Fighter V et Batman Arkham.
Des versions où les héros... se mettent à rouler des fesses. Notamment. "Déhanchés surjoués, danses sensuelles, poses suggestives, minauderies constantes et sexualisation exagérée : découvrez les hommes des plus grosses licences du jeu vidéo comme vous ne les avez jamais vus !", tease l'association. Prometteur.
Une démarche qui porte un nom : #GenderSwap. Les streameuses Kao, Red Fanny, Adyboo, Hiuuugs, Modiie, Nimelya et TiTavion, jouent ainsi depuis le 15 février dernier à ces versions modifiées sur leurs chaînes Twitch. L'occasion d'éveiller les consciences, notamment celles des gamers masculins, sur des clichés trop faciles et éculés.
"Je pense que ces représentations ne donnent pas forcément envie aux femmes de travailler dans le jeu vidéo. Par peur d'être sexualisées. Le jeu vidéo a une responsabilité. Comme toutes les images que l'on voit au cinéma, à la télévision, dans la publicité : cela crée un continuum qui a un impact énorme sur notre perception du monde", explique Women in Games au journal Ouest France.
"Cependant les choses commencent à évoluer, et les joueurs et joueuses à faire entendre leurs voix. Des séquences sexistes ont été retirées de certains jeux à la suite de protestations du grand public. Mais le chemin reste encore long à parcourir, et c'est seulement avec plus de femmes et de personnes de tous horizons dans les studios qu'on arrivera à une représentation plus pertinente", conclut Harmonie Freyburger, Vice-présidente de Women in Games France.