La scène se passe dans un vol Tel Aviv-Londres de la compagnie aérienne Easyjet en octobre 2019. Melanie Wolfson, jeune citoyenne israélo-britannique, s'installe à bord du siège qu'elle a réservé antérieurement en ligne, côté couloir. Oui mais voilà : sa présence semble quelque peu susciter l'inconfort de ses voisins, des hommes juifs ultra-orthodoxes. Tant et si bien que ces derniers demandent à la jeune femme de "s'installer quelques rangées plus loin", comme le rapporte le Guardian. La raison ? Melanie Wolfson est une femme, et cela les dérangeait. Oui oui.
"Insultée et humiliée". C'est ainsi que Melanie Wolfson s'est alors sentie, d'autant plus que le personnel de bord n'a pas protesté contre cette exigence masculine. La passagère a finalement accepté de changer de siège par crainte que le vol ne soit retardé à cause d'elle, et pour éviter tout conflit. Seulement voilà, Melanie Wolfson aurait également vécu la même situation lors d'un deuxième vol de la compagnie easyJet à destination de Londres, trois mois plus tard, là encore sans intervention professionnelle extérieure.
Suite à ces deux expériences, Melanie Wolfson a entamé une action en justice, attaquant la compagnie aérienne "pour violation de la loi israélienne qui interdit aux entreprises de faire des discriminations en fonction de sa race, sa religion, son pays d'origine, son sexe ou ses opinions politiques", comme le précise Le Parisien. En ce mois de mars 2021, la compagnie Easyjet aurait finalement trouvé un accord avec la passagère, et ainsi refusé de lui attribuer le montant du dédommagement exigé initialement, estimé à 16800 euros.
Les responsables d'EasyJet ont néanmoins affirmé qu'une "formation supplémentaire" serait à l'avenir imposée aux équipages afin que ceux-ci soient davantage sensibilisés aux discriminations.
Dans les deux cas, la situation discriminatoire vécue par Melanie Wolfson démontre que certains passagers masculins de ces vols internationaux peuvent exprimer un malaise à l'idée d'être assis à côté de passagères féminines "principalement en raison de leurs croyances religieuses", comme a pu le relever la compagnie aérienne dans un communiqué.
Avant de poursuivre, au sein du même communiqué : "EasyJet ne pense pas que les femmes devraient être invitées à changer de siège simplement en fonction de leur sexe. La compagnie aérienne a pour politique d'informer poliment à tout client qui soulève cette demande que celle-ci ne sera pas acceptée".
"EasyJet s'engage à lutter contre toute discrimination sur les vols. Nous prenons cela très au sérieux", développe encore la compagnie dans son mea culpa tardif. Et EasyJet d'affirmer enfin "que ces incidents de ce type ne se reproduiront plus à l'avenir". De son côté, l'Israel Religious Action Center (Irac), centre d'action progressiste qui s'assure de la défense des droits publics et juridiques du mouvement israélien, et avait porté plainte en son nom, insiste sur l'expérience des femmes "qui ont été victimes de discrimination en raison de leur sexe".
"Je n'aurais eu aucun problème à changer de siège si cela avait permis aux membres d'une famille de s'asseoir ensemble, mais le fait qu'on m'ait demandé de le faire parce que j'étais une femme m'a poussée à refuser à l'époque", a relaté Melanie Wolfson à ce sujet.