C'est une grande première. Au terme d'une étude scrupuleuse dont les conclusions ont été publiées dans la revue JNeurosci, des chercheurs et chercheuses de l'université de Berlin ont pu établir les répercussions cérébrales de la stimulation du clitoris.
Pour y parvenir, les scientifiques ont mené leur expérience auprès de 20 jeunes femmes âgées de 18 à 45 ans. Un dispositif sensori-tactile vibrant, mis au point pour l'occasion, a été posé sur l'organe étudié, sur le sous-vêtement de chacune.
"Huit stimulations du clitoris ont été réalisées, de 10 secondes chacune, entrecoupées de 10 secondes de repos, ainsi que huit stimulations sur le dos de la main droite pour comparaison", détaille France Inter. En parallèle, une IRM du cerveau a également été effectuée.
Résultat : la zone du cortex somato-sensoriel reliée n'est pas située sous celle du pied comme cela a été évoqué par le passé (la faute à des techniques de stimulation peu précises), mais bien près de celle de la hanche. Détail crucial cependant : la localisation varie, au sein même de la région, en fonction des femmes, et son épaisseur croit selon le nombre de rapports dans les derniers mois.
"Nous avons trouvé un lien entre l'épaisseur de l'aire génitale et la fréquence des rapports, notamment dans les 12 derniers mois", observe ainsi Christine Heim, professeure de psychologie médicale à l'hôpital universitaire de la Charité à Berlin, et co-autrice de l'étude. "Plus il y avait de rapports sexuels, plus l'aire était épaisse." Edifiant.
Pour le docteur Pierre Foldes, qui travaille à la réparation des dommages physiques et psychologiques causés par les mutilations génitales et a opéré plus de 6 000 femmes victimes d'excision, il s'agit aussi d'une avancée majeure.
"La recherche nous permet, à nous qui travaillons sur la reconstitution du clitoris et le fait de retrouver ou non des possibilités orgasmiques, de prouver que les sensations reviennent et qu'on a remis en circuit des terminaisons nerveuses qui étaient abimées et mutilées", explique-t-il à France Inter.
Une découverte essentielle, donc, qui offre en outre un éclairage nécessaire sur le sujet encore particulièrement tabou du plaisir féminin.
"La façon dont les organes génitaux féminins sont représentés dans le cortex somato-sensoriel humain est complètement sous-étudiée", déplore finalement Christine Heim. "Et ce manque de connaissance a freiné la recherche à la fois sur les comportements sexuels standards, mais également sur des conditions pathologiques".