La scène est culte. Interrogée par l'inspecteur de police Nick Curran (Michael Douglas) au sujet d'un mystérieux meurtre, étrangement similaire à ce qu'elle narre dans ses romans, la charismatique écrivaine Catherine Tramell (Sharon Stone), vêtue d'une robe blanche, sidère les hommes d'autorité qui tentent de la percer à jour en croisant, puis décroisant les jambes, l'air de rien. Dévoilant par là même... une absence de culotte.
Une séquence perverse qui résume bien l'atmosphère tendue à souhait de Basic Instinct, ambiance sulfureuse dont le cinéaste Paul Verhoeven est par ailleurs coutumier. Oui mais voilà, cela fait des décennies déjà que la "scène de l'interrogatoire" fait polémique, pour une bonne raison : Sharon Stone était-elle vraiment consciente que son vagin apparaîtrait à l'écran ? Ou a-t-elle été manipulée par le réalisateur et l'équipe technique ? Plus de mystères : la principale concernée éclaircit nos lanternes dans son autobiographie, The Beauty of Living Twice.
Et sa réponse est catégorique : elle ignorait que son sexe serait visible dans les plans finaux. Et n'a pas vraiment eu son mot à dire concernant le shooting de ces images qui ont beaucoup fait jaser en 1992, à l'époque de la sortie de ce thriller au succès retentissant. Pas la plus belle anecdote issue de l'usine à rêves donc.
Dans ses mémoires récemment parues et citées par le magazine Vanity Fair, Sharon Stone raconte : "Après le tournage du film, j'ai été appelée pour le voir. Pas seulement avec le réalisateur Paul Verhoeven mais en présence d'agents et d'avocats, pour la plupart étrangers au projet. Dans ces circonstances, j'ai vu ce plan sur mon vagin pour la première fois". Un contexte tout aussi tendu que l'extrait concerné donc. C'est dans cette ambiance de projection pesante que la comédienne a pris conscience de ce dévoilement explicite, qui fera par ailleurs scandale.
Pourtant, insiste-t-elle aujourd'hui, l'équipe technique lui avait assurée "qu'on ne verrait rien" de ses parties intimes lors du tournage. Sharon Stone aurait même été incitée à retirer sa culotte "parce que le blanc [faisait] un reflet sur la caméra", lui aurait-on dit. Drôle de stratagème. Et l'actrice de conclure, tranchante : "Il y a différentes versions de cette histoire, mais comme il s'agit de mon vagin, les autres points de vue, on s'en fout".
Difficile d'être plus claire. Cependant, achève l'autrice et actrice, Sharon Stone n'avait pas protesté contre l'intégration de ce plan au sein de la version finale de Basic Instinct. Pourquoi ? Car, affirme-t-elle de nouveau aujourd'hui, il lui semblait plutôt "cohérent" par rapport au personnage, génialement manipulateur, de Catherine Tramell. Le plus déplorable, tout de même, est que la manipulation en question ait aussi eu lieu... derrière la caméra.
D'autant plus que ce n'est pas le pire "fact" qui émane de cette expérience professionnelle, loin de là. Dans ses mémoires, poursuit Vanity Fair, Sharon Stone explique également que certains de ses anciens producteurs auraient fait pression à son encontre "pour qu'elle ait des relations sexuelles avec ses partenaires" afin de s'assurer d'une "meilleure alchimie" en cohésion avec l'ambiance du thriller. Encore un argument bien malaisant s'il en est.
"Un producteur m'a amenée à son bureau et m'a expliqué pourquoi je devrais baiser mon partenaire (Michael Douglas) : pour que nous puissions avoir une meilleure chimie face à la caméra". On imagine la scène. Et l'actrice de conclure à propos des producteurs en question : "Je me suis dit qu'ils pouvaient très bien le baiser eux-mêmes et me laisser en dehors de ça". Une prose cinglante comme on l'aime.