On a du mal à expliquer la tromperie, et c'est bien normal, pour un geste qui peut remettre en cause des affects, une relation, une histoire perso. Pourtant, le sujet révèle bien des réflexions et des constats qui ont tout à voir avec les enjeux féministes et la condition des femmes. Si si. L'autrice américaine Susan Shapiro Barash s'en est d'ailleurs aperçue en dédiant trente ans de sa vie à interviewer... Des femmes qui ont trompé leurs partenaires. Le tout se retrouve dans son nouvel essai, A passion for more.
Qu'en conclut alors la spécialiste ? Beaucoup de choses. Que ces femmes-là sont âgées de vingt à quatre-vingt ans, et proviennent en vérité de milieux sociaux très différents, sont diplômées ou non, vivent dans tous les recoins des Etats-Unis. C'est très vaste. Mais la chercheuse a aussi compris en écoutant ces femmes que la tromperie peut aussi être employée... Pour sauver leur mariage. Oui oui. Ca paraît très paradoxal.
Et pourtant, comme le relève Insider, plusieurs femmes révèlent à l'autrice qu'elles ont expliqué à leurs propres maris que le fait de les avoir trompés pouvait les instruire sur "ce qu'elles appréciaient et ce qui manquait à leur mariage, des choses qu'elles souhaitaient retrouver dans leur relation".
Du coup, explique Susan Shapiro Barash, l'adultère peut être vu dans ce cas-là comme une manière d'exprimer son insatisfaction, ses désirs non satisfaits (jusque là aucun scoop) mais aussi comme un "outil de renégociation du mariage" : une manière peut être un brin brusque de rediriger la relation vers une voie qui pourrait être plus épanouissante pour tous.
Avouer la tromperie permettrait ainsi "de raviver la passion".
Et c'est pour cela d'ailleurs que les femmes seraient de plus en plus nombreuses à avouer cette tromperie. "Pour ces femmes, dire la vérité était une façon de dire : Voici ce dont j'ai besoin et que je n'obtiens pas", affirme l'experte au média en ligne. "Ses découvertes remettent également en question l'idée fausse et pourtant courante selon laquelle les femmes ne donnent pas la priorité à leur sexualité", analyse en retour Insider.
Preuve en est que même au temps des couples remodelés, du boom des apps de rencontre, du polyamour et des "relations libres", ce thème-là suscite encore polémiques, discours et réflexions stimulantes.