L’idée avait fait sensation il y a quelques années, lorsqu’un groupe de féministes dites « hygiénistes », avaient proposé d’en finir avec la différence sexuelle dans l’intimité des toilettes, et de faire asseoir les garçons. Le débat s’impose à nouveau en Suède, championne de l’égalité hommes-femmes. C’est précisément dans la région du Södermanland, dans le sud du pays, que l’on assistera ces jours-ci à un débat insolite sur la position des hommes au moment de se soulager. Porté par le député de gauche Viggo Hansen, le texte doit être discuté au Parlement, et sera défendu par divers types d’arguments.
La première motivation pour imposer aux hommes d’uriner assis est liée à la politique d’égalité hommes-femmes et à la réduction des discriminations de genre : puisque les femmes ne peuvent pas uriner debout, les hommes n’ont pas à se le permettre. À cela, les promoteurs de la loi ajoutent des motifs médicaux : le député Viggo Hansen avance ainsi que la position assise réduirait les risques de troubles de la prostate, et contribuerait à une meilleure santé sexuelle. Voilà qui pourrait faire avaler la pilule côté masculin. Quant à nous, nous n’aurions qu’à nous réjouir de trouver enfin la lunette des toilettes propre et baissée.
Malgré toutes ces bonnes intentions d’hygiène et d’égalité, on peut prédire que la discussion tournera vite court, et que cet épisode ne rendra pas service à la réputation volontariste de la Suède en matière d’égalité des sexes. Les détracteurs du texte, et ils sont nombreux, se demandent déjà si les urinoirs devront être bannis du royaume pour s’assurer que ces messieurs comprennent le message, ou si des caméras seront installées dans toutes les toilettes de la région pour verbaliser les récalcitrants…
En Suède, les initiatives pour une éducation détachée de tout stéréotype lié au sexe, et pour abolir toute forme de discrimination innovent dans le bon ou le mauvais sens depuis une quinzaine d’années déjà. Une crèche a ainsi ouvert le débat sur les exagérations de la méthode unisexe : elle a choisi de bannir les pronoms « il » et « elle » (« han » et « hon ») et de les remplacer par un pronom neutre, (« hen »).
Ces méthodes visant à abolir les différences de sexe sont en outre particulièrement décriées par les experts scientifiques. Interrogé par Terrafemina sur le sujet il y a quelques mois, Jean-François Bouvet, docteur en biologie et auteur de l'essai « Le camion et la poupée, l'homme et la femme ont-ils un cerveau différent ? » (Éd. Flammarion), estime que « nier l'altérité des sexes est dangereux et peut aboutir à des situations artificielles ». Gageons que les masculinistes, trop heureux de faire parler d’eux, nous proposeront d’inverser les rôles, pour nous retrouver à pisser debout, comme les dames de Versailles. Belle idée !
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