Vous avez décidé d'arrêter de fumer ? Félicitations ! Cependant, si le "craquage" n'est jamais loin, que vous y pensez quotidiennement et que vous cherchez à compenser par tous les moyens, vous aurez une bonne excuse à présenter à tous ceux qui pointent votre stress et votre humeur massacrante durant cette épreuve : arrêter la consommation de tabac serait particulièrement difficile pour les femmes.
En effet, comme le rapporte Le Parisien, une étude suédoise réalisée par des chercheurs de l'université d'Uppsala et présentée lors du congrès annuel de l'European College of Neuropsychopharmacology (ECNP) à Vienne en ce mois d'octobre établit que l'impact de la nicotine sur le cerveau des femmes leur rendrait plus difficile l'arrêt de la cigarette.
Selon eux, une seule cigarette suffirait pour bloquer dans le cerveau des femmes la production d'oestrogènes (hormone présente en plus grande quantité chez ces dernières), qui sont impliqués dans le processus reproductif et le cycle menstruel. Si cet effet était jusqu'ici présumé, ces travaux ont donc permis de le démontrer. Plus globalement, ce phénomène pourrait expliquer le fait que l'arrêt de la cigarette soit plus compliqué pour les femmes.
Pour réaliser leurs travaux, les scientifiques suédois ont donné une dose de nicotine équivalente à une cigarette à dix femmes, administrée par voie nasale. Les volontaires ont aussi reçu une injection d'un traceur radioactif visant à suivre l'aromatase, une enzyme responsable de la production d'oestrogènes.
Grâce au traceur injecté, des scanners ont permis de constater la quantité d'aromatase et sa position dans le cerveau. Les chercheurs ont ainsi découvert une baisse de l'enzyme dès la première dose de nicotine.
L'équipe de recherche estime que l'impact de la nicotine est "modéré", mais s'est surtout étonnée de la rapidité avec laquelle elle a constaté ses effets. "Nous avons évalué l'effet sur 90 minutes après l'administration de nicotine", souligne Erika Comasco, professeure à l'université d'Uppsala et spécialiste de la santé mentale.
Mais alors, si la nicotine a un impact sur la production d'oestrogènes et le cerveau, comment cela pourrait-il se traduire dans notre comportement ? Les chercheurs auraient constaté la baisse d'aromatase dans le thalamus, un centre nerveux impliqué dans les émotions, le comportement mais aussi les addictions.
Il est donc très probable que le genre de la personne fumeuse et ses difficultés à arrêter la cigarette soient liés. "Notre étude n'évalue pas la résistance à l'arrêt du tabac", prévient néanmoins Erika Comasco. Des études complémentaires doivent donc être réalisées pour mieux comprendre les effets de la nicotine sur les femmes et leur addiction.