Je m'appelle Emilie et je suis "cameraman". Ou plutôt "camerawoman". Je suis montée à la capitale comme de nombreuses personnes pour exercer mon métier. D'autant plus que dans mon domaine, Paris est the place to be ! J'ai commencé comme cadreuse, puis JRI/réalisatrice (journaliste reporter d'images) pour différents programmes TV.
Ce n'était pas évident au début, tout d'abord parce qu'il fallait que je crée mon réseau mais aussi parce que j'étais une fille, et ce n'est pas toujours évident de rentrer dans un univers masculin. J'ai dû faire mes preuves et montrer que moi aussi, je pouvais avoir les compétences physiques et porter toute la journée une caméra de 6kg à l'épaule (sans parler du poids du pied et sac lumière).
A mes débuts, on me disait souvent "C'est rare de voir une fille cadreuse ! On a plus l'habitude de voir des hommes derrière une caméra !". Mais avec les années, j'en vois de plus en plus. Certainement parce que les femmes aussi aiment travailler l'image, et cela complète le métier de journaliste en étant JRI.
Nous avons une sensibilité différente des hommes. J'ai déjà été embauchée pour cela. Je devais faire un reportage sur la mode, et la rédac chef m'a dit qu'elle avait commencé à travailler avec un cadreur mais qu'elle avait finalement choisi de tester avec une cadreuse car il n'avait pas cette sensibilité qu'elle recherchait dans les images. De plus, j'avais une facilité à mettre l'animatrice à l'aise et cela se ressentait dans le reportage.
Ce n'était pas la seule boîte qui m'embauchait pour ces arguments. On m'a souvent appelée en me disant : "On préfère que ça soit une cadreuse pour que le personnage soit à l'aise et se livre davantage". Car être JRI, c'est être aussi psychologue. Il faut savoir mettre en lumière le personnage, l'écouter, le mettre en confiance, faire ressortir le meilleur de lui-même.
J'ai l'impression qu'aujourd'hui, il y a presque autant de garçons que de filles sur un tournage, en tout cas, j'en croise de plus en plus souvent, et pas seulement pour tourner des sujets "féminins". Dernièrement, j'ai travaillé sur une captation d'un concert de 5H en direct et sans pub (autant comparer ça à une bonne séance de sport ! On en sort rincé !) et nous étions 4 cadreuses pour deux cadreurs.
Malgré cela, j'ai encore entendu dire cette fameuse phrase : "Je ne savais pas qu'il y avait des filles qui font ce métier...". STOP ! Cadreur n'est pas qu'un métier d'homme ! Quoi qu'il en soit, je suis très fière d'être une cameraWOMAN, et de tout le chemin que j'ai parcouru pour faire ma place.
Merci à Emilie Pesante pour son témoignage.