"Le 'test de virginité' n'a aucun fondement scientifique ou clinique. Aucun examen ne peut prouver qu'une fille ou une femme a eu des rapports sexuels - et l'apparence de l'hymen d'une fille ou d'une femme ne peut prouver si elle a eu des rapports sexuels, si elle est sexuellement active ou non." C'est avec ces mots que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a condamné le 17 octobre les "tests de virginité".
Pour l'organisation, ils sont une violation des droits humains des filles et des femmes. Ces tests sont des procédures qu'elle juge non-nécessaires et potentiellement dangereuses : "L'examen peut être douloureux, humiliant et traumatisant".
Ce prétendu examen tente de déceler l'activité sexuelle d'une femme en observant son appareil génital pour détecter la présence ou non d'un hymen ou en introduisant deux doigts dans le vagin pour savoir si la paroi est relâchée. Sauf que l'hymen est très fragile et sa présence ou non n'a aucun rapport avec le fait d'avoir eu des rapports sexuels ou pas.
L'OMS rappelle que ce test, qui n'est pas scientifique, peut avoir un impact dans les procédures judiciaires. Si un médecin décrète qu'une femme n'a pas été pénétrée, l'accusé de viol peut être acquitté.
Ces "tests de virginité" sont également une pratique qui a pour but de "perpétuer un climat de peur et d'intimidation qui empêche les femmes d'exercer leurs droits". Les autorités pénitenciers peuvent décider de ces tests sur les détenues pour les intimider et les humilier.
De nombreux pays épinglés par l'OMS
Soumaya Naamane Guessous, sociologue marocaine, pays où les tests sont très répandus explique au HuffPost Maghreb a interrogé : "Les gynécologues marocains font énormément de certificats de virginité. En une journée, surtout pendant la période des mariages entre juin et août, un gynécologue peut donner jusqu'à 10 certificats de virginité par jour. Ce document est une atteinte à l'intimité de la femme. Il est d'ailleurs le plus souvent demandé par les propres parents de la fille".
Selon la sociologue, les médecins ne sont pas les seuls à pratiquer ce "test", des membres de la famille pouvant également faire le "test de deux doigts". Elle demande à ce que la virginité soit décorrélée de l'honneur pour pouvoir changer les pratiques, regrettant que "l'honneur de toute une famille [soit] liée a une membrane" et qu'avant le mariage, les valeurs attachées à un garçon, en l'occurrence son expérience sexuelle, et celles attachées au filles, la virginité, soient inégales.
En plus du Maroc, l'OMS cite plusieurs pays où ces tests ont été documentés. On compte l'Afghanistan, le Brésil, l'Égypte, l'Inde, l'Indonésie, l'Iran, l'Irak, la Jamaïque, la Jordanie, la Libye, le Malawi, les Territoires palestiniens, l'Afrique du Sud, le Sri Lanka, le Swaziland, la Turquie, le Royaume-Uni et le Zimbabwe.
Pour faire évoluer les mentalités, l'OMS espère convaincre les professionnels de santé. La doctoresse Nothema Simela en charge de la famille, la santé des femmes et des enfants pour l'organisation, appelle à un mouvement de toute la société : "Les professionnels de la santé peuvent être d'excellents agents de changement. Avec le soutien des systèmes de santé et des gouvernements, ils peuvent reconnaître que le 'test de virginité' n'a aucun fondement médical ou clinique, refuser de pratiquer cette pratique nocive et éduquer le public à ce sujet."
Elle ajoute : "Ce faisant, ils respectent le serment d'Hippocrate de 'ne pas nuire' et protègent les droits humains des filles et des femmes dont ils ont la charge".