On ne compte plus le nombre d'anglicismes utilisés pour désigner une attitude toxique au sein d'un couple. Nous avions découvert le "haunting", un terme qui se réfère à cette manie qu'a votre ex de liker vos posts Facebook, mais sans jamais prendre directement contact avec vous. Aujourd'hui, un nouveau mot a fait son apparition : le "tindstagramming", un néologisme suggéré par le site américain Select All. Si vous utilisez l'application de rencontres Tinder, il se peut que vous ayez déjà été victime de cette forme de harcèlement.
Pour celles qui ne sont pas familières de Tinder, cette application permet de rencontrer de nombreuses personnes du sexe opposé situées dans un secteur géographiquement proche du vôtre. Vous êtes alors invitée à naviguer entre de nombreux profils, en indiquant à chaque fois si vous "matchez" ou non, c'est-à-dire si le courant passe entre vous. Souvent, il arrive que la conversation soit engagée, puis que l'un des deux stoppe les échanges pour s'intéresser à d'autres. Cela peut paraître brutal, mais c'est là même le principe de ce genre d'application. Le problème, c'est que parfois, la personne que vous avez congédiée sur l'appli envahit vos autres sphères virtuelles, comme votre compte Instagram. À partir de là, on peut commencer à parler de tindstagramming.
Selon le journaliste Paris Martineau, auteur de l'article paru sur Select All, ce phénomène touche principalement les femmes et se manifeste par des messages indésirables de la part d'hommes insistants (voire effrayants) qui "ne comprennent pas quand une femme leur dit "non". Si cette forme de harcèlement sévit spécifiquement sur Instagram, c'est parce que depuis 2015, Tinder offre la possibilité à ses utilisateurs de relier leur profil Tinder à leur compte Instagram. Donc, si vous utilisez Tinder, vous aurez accès aux comptes Instagram des personnes que vous croisez sur Tinder. Et vice-versa.
Ce genre de comportement n'est cependant pas entièrement imputable à l'application puisqu'elle laisse la liberté de relier (ou non) son profil Tinder à Instagram. Le problème, c'est que, comme le note Nathalie Gil dans un article de Refinery29, ce sont (dans un monde idéal) les harceleurs et non les harcelées qui devraient changer leurs habitudes. "La première fois que cela m'est arrivé, j'ai été sincèrement choquée. Qu'espèrent-ils en se comportant ainsi ? S'envoyer en l'air ? Tomber amoureux ? Je ne sais pas ce qu'ils cherchent, mais en tout cas je sais que ça ne vient pas de moi", a témoigné Indigo Rancourt, utilisatrice de Tinder, interviewée par Select All.
"Salut, nous n'avons pas "matché" sur Tinder, du coup je tente de te harceler maladroitement sur Insta. Il semblerait que tu es du genre à être gênée"
"Amuse-toi bien alors"
"Hahaha. Je l'aurais fait de toute façon"
Curieux de connaître les motivations qui poussent certains individus à agir de la sorte, Select All a interrogé un tindstagrammer (qui a préféré garder l'anonymat) : "la raison n ° 1, c'est probablement parce que c'est facile. Oui, c'est inefficace, mais cela demande si peu d'effort qu'il est difficile d'expliquer pourquoi vous n'avez pas fait tout votre possible pour rencontrer des filles", se justifie le tindstagrammer.
Maintenant que ce phénomène a été clairement identifié, on peut espérer que les utilisateurs de l'appli de rencontres seront davantage sur leurs gardes pour éviter ce type de harceleurs. Mais que faire si le tindsgrammer a déjà envahi votre espace virtuel et que vous cherchez à tout prix à vous en débarrasser ?
Dans un premier temps, vous pouvez essayer de mettre fin à la discussion en répondant clairement et avec détachement afin de montrer que vous ne souhaitez pas aller plus loin. Si le contenu des messages est déplacé et que la fréquence d'envoi s'amplifie, mieux vaut bloquer l'utilisateur afin qu'il ne puisse plus entrer en contact avec vous.
Bien sûr, il est aussi possible que la personne qui vous contacte sur Instagram agisse avec toutes les bonnes intentions du monde (même si ce cas de figure demeure très rare, comme le précise l'article de Select All). Dans ce cas-là, à vous de voir si cela vaut le coup de poursuivre la conversation.