sport
Pauline Ballet, la photographe officielle du Tour, raconte ses challenges
Publié le 8 juillet 2022 à 10:00
Par Terrafemina
A l'occasion du Tour de France Femmes 2022, Terrafemina et Adecco mettent en avant des femmes travaillant sur la course. Elles reviennent sur leurs expériences aussi bien professionnelles que personnelles leur ayant permis d'être là où elles sont aujourd'hui. Aujourd'hui, la photographe officielle du Tour Pauline Ballet nous raconte son coup de foudre pour le vélo et les défis quotidiens de cet événement sportif hors normes.
Pauline Ballet, photographe officielle du Tour de France Pauline Ballet, photographe officielle du Tour de France
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L'oeil aiguisé, toujours à l'affût de l'image qui fera mouche, Pauline Ballet suit le Tour de France derrière son objectif. Depuis son coup de foudre avec le vélo sur les pentes de la Flèche Wallonne, la jeune femme de 34 ans est devenue photographe officielle de la course. Elle en capture les "à côté", les actions décisives, les visages marqués, les sourires, les décors mouvants. Pauline Ballet nous raconte son quotidien dans la roue du Tour, ses défis et sa passion pour le cyclisme, le "sport de son coeur".

Terrafemina : Quel a été le déclic pour devenir photographe ?

Pauline Ballet : Cela date de l'adolescence. J'étais fascinée par les photos en noir et blanc des humanistes comme Robert Doisneau ou Sabine Weiss. Ca m'a donné envie d'apprendre comment faire ces images-là et comment utiliser un appareil photo argentique. J'ai fait des stages et j'ai commencé en noir et blanc. J'ai ensuite intégré l'école nationale supérieure de la photo à Arles pendant trois ans.

Comment avez-vous atterri sur le Tour de France ?

P.B. : J'ai intégré le service photo d'Amaury Sports Organisation en tant qu'éditrice un peu par hasard. Ayant une formation de photographe, ils m'ont demandé de faire des photos en renfort sur des courses de vélo. C'est là que j'ai découvert le cyclisme, sur la Flèche wallonne féminine dans le Mur de Huy, la dernière ascension de la course. Ca a été un coup de foudre immédiat.

J'ai senti le potentiel à raconter des histoires, parler de l'action, stimuler l'imaginaire des gens. Je n'étais pas fan de vélo à la base, cela a été un heureux hasard.

Etes-vous devenue passionnée de cyclisme ?

P.B. : Ma passion s'est construite progressivement. Je n'y connaissais pas grand-chose et j'ai été tellement fascinée par la course, par l'à côté du sport, la ferveur, les paysages, les gens... C'est un ensemble qui m'a éblouie instantanément. Ce n'est qu'après que j'ai lu beaucoup d'articles, des histoires sur les anciens champions, sur les courses. Et c'est comme ça que j'ai construit ma culture cycliste.

En quoi est-ce intéressant de couvrir le Tour de France ?

P.B. : Pour tant de choses. Le premier, c'est le côté itinérant : c'est fabuleux de traverser le territoire, le paysage change à chaque fois, aucune étape n'est identique, cela nous permet de découvrir sans cesse de nouveaux décors.

Et puis je trouve que le cyclisme est le sport le plus difficile. Je me rappelle de la première fois où j'ai photographié un grimpeur dans une ascension des Alpes, j'étais à côté de lui, derrière mon boitier, mais j'avais vraiment mal pour lui. Ce jour-là, je me suis dit que c'était le sport le plus difficile que je n'avais jamais vu.

Et j'adore le cyclisme et le Tour de France pour son côté populaire. C'est incroyable qu'une course de vélo puisse passer sur le pas de la porte, que des petits enfants puissent venir signer un autographe à travers une barrière en tendant la main, que tant de personnes puissent venir assister à cet événement.

J'aime photographier l'ADN du Tour : ce dépassement de soi, ce sport si difficile, mais aussi ce qui l'entoure, tous les petits rouages.

Le vélo est-il photogénique ?

P.B. : Oui ! Un athlète sur cette machine, il y a quelque chose dans l'effort physique qui se voit sur les corps, les visages marqués, la sueur. Esthétiquement, c'est très fort. Et un peloton qui traverse un paysage, c'est très beau, que l'on aime ou pas le vélo. Je pense que la photo sportive peut aussi être artistique.

Quels sont les défis lorsqu'il s'agit de prendre des photos sur un tel événement ?

P.B. : Il y en a beaucoup. Il faut savoir s'adapter à toutes les conditions météorologiques, géographiques. Il faut être rapide, réactive, anticiper ce qui se passe, sentir la course car des attaques, des chutes comme des abandons peuvent arriver d'un instant à l'autre.

Une autre qualité que j'aimerais réussir à acquérir, c'est gérer la frustration. Il y a beaucoup de choses que l'on rate et lorsqu'on manque quelque chose, il faut savoir rebondir et passer à autre chose rapidement. Il faut se dire que c'est trop tard et se concentrer sur la suite.

A quoi ressemble votre journée-type ?

P.B. : J'arrive le matin en général deux heures avant le départ de la course : je fais le podium signatures, le village, les entraînements... Il y a beaucoup de transports le matin et le soir car on bouge avec le Tour pour rejoindre les hôtels. Je me couche vers 22h, après le repas et la douche.

Comment vous déplacez-vous ?

P.B. : Je suis un jour sur deux en voiture ou à l'arrière d'une moto. Nous sommes en binôme avec un autre photographe. Et on alterne. J'ai déjà eu peur en moto, mais le mieux, c'est d'éteindre son cerveau et faire confiance au pilote. Et puis je suis tellement concentrée sur mon travail que je pense rarement à ça. Les descentes de col sont évidemment impressionnantes, surtout quand il pleut. Mais ça fait partie du jeu.

Où ces photos sont-elles diffusées ?

P.B. : Je prends en général environ 1500 photos par jour. Je fais un premier tri en live, puis un best of le soir. Je garde 20% de ce que je photographie. Ce sont les iconographes qui les récupèrent, les éditent. Je les envoie en live pendant la course grâce à mes boîtiers. Je peux en envoyer une cinquantaine pendant l'étape. Elles sont ensuite distribuées sur le site du Tour de France , sur les réseaux sociaux du Tour et aux partenaires.

Thibaut Pinot gagne l'étape du Tourmalet © Pauline Ballet
Avez-vous un sujet préféré ?

P.B. : Ce que je préfère photographier sur le Tour, ce sont les étapes de montagne. Je suis une amoureuse de la nature donc j'adore ce paysage et les conditions que cela requiert pour les athlètes, le peloton qui s'insère dans les cols, qui gravite autour des vallées.

En plus, c'est là que les étapes sont les plus difficiles et où l'action se joue le plus souvent. Le Tour se joue souvent là. Il y a beaucoup d'enjeux et c'est ce qui m'intéresse le plus.

Gardez-vous une photo particulièrement marquante en tête ?

P.B. : J'en ai beaucoup, mais celui qui me vient immédiatement en tête, c'était sur l'étape du Tourmalet en 2019 que Thibaut Pinot a remportée. Pendant toute l'ascension, j'avais eu beaucoup de mal à me placer car il y avait un monde fou. Je n'arrivais pas à redescendre au niveau de l'échappée.

J'ai finalement attendu, j'ai persévéré et à 400 mètres de l'arrivée, le régulateur de la course m'a dit de foncer. C'était ma dernière chance pour faire une photo. Et je me suis retrouvée face à la brochette des leaders qui se regardaient avant d'attaquer. Thibaut Pinot est parti, je l'ai photographié. Et j'ai eu sa photo d'arrivée sur la ligne. Aujourd'hui, quand je regarde cette photo, je suis heureuse.

Votre présence dans ce milieu extrêmement masculin tonne-t-elle ?

P.B. : Oui, mais de moins en moins. Mais lorsque j'ai commencé à photographier des courses de vélo en 2013, ma présence surprenait, surtout que j'étais jeune. Mais j'ai toujours été très bien accueillie. Il y avait une forme de bienveillance. J'espère que c'est aussi le cas de mes collègues femmes. Il y a quelques années, sur une centaines de photographes, nous étions deux femmes. Et aujourd'hui, nous nous comptons encore sur les doigts de la main, mais ça évolue.

Que faites-vous le reste de l'année, hors du Tour de France ?

P.B. : Je suis photographe sportive et même si le cyclisme représente 80% de ma profession, je photographie aussi un peu de foot, du tennis comme Roland-Garros et le Rolex Paris Master et un peu de running. Mais le vélo est le sport de mon coeur et c'est celui que je photographie le plus.

Pourquoi faudra-t-il regarder le Tour de France Femmes cette année ?

P.B. : Parce que ce n'est pas un "sport d'hommes", c'est un sport avant tout, pratiqué par des femmes et des hommes. Il faut absolument regarder ce Tour de France Femmes, sachant qu'en plus, ça ne se passe pas au même moment, ce qui permet aux femmes d'avoir leur propre public sur cette semaine. J'ai été frappée lors du premier Paris-Roubaix féminin en 2021 : le public est venu en nombre pour applaudir cette course-là. Entendre des enfants crier le nom des leadeures femmes, ça m'a donné la chair de poule. Je me suis dit qu'enfin, les choses changeaient.

Adecco est le premier réseau d'agences d'emploi en France avec 800 agences sur l'ensemble du territoire. Depuis plus de 50 ans, les équipes Adecco s'attachent à toujours mieux comprendre les contextes économiques, sectoriels et réglementaires pour anticiper les difficultés et préparer l'emploi de demain. Nos collaborateurs en agence développent avec les candidats une relation de confiance pour les accompagner au mieux dans les emplois qui leur conviennent. Chaque semaine, près de 100 000 intérimaires sont délégués dans plus de 36 500 entreprises clientes. Adecco est une marque de The Adecco Group.

Adecco est, depuis 2018, le recruteur officiel du Tour de France, et assure l'accompagnement des emblématiques équipiers qui contribuent au succès de la Grande Boucle.

Pour cette cinquième année, Adecco mettra également tout son savoir-faire au service du Tour de France Femmes avec Zwift, cette nouvelle course qui s'annonce historique pour le cyclisme féminin.

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