Barbara, la cinquantaine, britannique, s’est envolée seule pour la première fois à la Jamaïque l’an dernier. Ébranlée par un mariage chaotique et un divorce douloureux, elle rêve de solitude et de repos. Mais la journaliste Julie Bindel raconte pour le Daily Mail la romance vécue par cette britannique avec Chris, un jeune Jamaïcain, qui passe de l’amour de vacances à la relation maîtresse-gigolo.
« Il m’a abreuvée de compliments à propos de mes jambes, mes cheveux, mon parfum, etc. », raconte Barbara à la journaliste. « Chris m’a fait me sentir belle et spéciale tout de suite », ajoute-t-elle. Jusqu’au jour où le beau Chris pose des conditions à ses faveurs : « no money, no sex », répond-il lorsqu’elle refuse de lui donner de l’argent liquide pour le dépanner. Finalement Chris emménage dans la chambre d’hôtel de Barbara et ils font l’amour chaque nuit, précise-t-elle. « Au début, il insistait pour tout payer, mais après quelques jours il m’a dit que l’un de ses contacts lui devait de l’argent et il voulait que je lui fasse crédit en attendant ».
Évidemment, Barbara ne verra jamais la couleur de cet argent et finit par tout payer. « Quand j’ai refusé, il m’a dit qu’il pouvait aller trouver n’importe quelle femme blanche qui serait ravie de lui donner de l’argent. »
Pour autant, Barbara et les autres femmes contactées dans le cadre de ce reportage ne se considèrent pas comme des touristes sexuelles : « S’il cherchait à me séduire lorsque nous étions ensemble et simplement coucher avec moi pour l’argent, cela fait-il de lui un prostitué – ou tout simplement un sacré p***** de menteur ? », s’interroge Barbara.
D’après Julie Bindel, le nombre de femmes voyageant pour avoir des relations sexuelles avec des hommes locaux a significativement augmenté durant ces trente dernières années. Chaque année, 600 000 femmes originaires des pays occidentaux se livreraient au tourisme sexuel. Ce genre de pratique serait de moins en moins montré du doigt : les tours opérateurs n’hésiteraient pas à insérer des allusions à peine voilées au tourisme sexuel féminin dans leurs campagnes marketing. En 2001, une enquête a été menée sur les plages de Negril, à la Jamaïque, et en République dominicaine, auprès de 240 femmes. Il en est ressorti qu’un tiers d’entre elles avaient eu des relations sexuelles avec un homme de la région pendant leurs vacances. Parmi celles-ci, 60% ont admis qu’il y avait des « implications économiques » dans cette relation, mais aucune d’entre elles ne se considérait pour autant comme touriste sexuel, ni leur partenaire comme prostitué. Seulement 3% estimaient que leur relation était purement physique, et plus de la moitié y voyaient plutôt une « romance ».
Du côté des séducteurs de ces dames, qu’ils soient appelés beach boys, bumsters, rastitutes ou sanky pankies, selon les pays, il semble que le mot « prostitution » soit habilement évincé de leur discours. « Si je sors avec une touriste et qu’elle désire m’aider comme le ferait un ami, me donne de l’argent et me laisse loger avec elle à l’hôtel, quel est le problème ? Bien sûr j’ai des relations sexuelles avec elles, mais c’est parce que je ne suis pas gay, j’aime les femmes », explique l’un d’eux à la journaliste, en reportage à Negril. Elle écrit par ailleurs que ce type de relation s’est banalisé, il n’y aurait pas vraiment de honte à vendre du sexe à des touristes blanches plus âgées, « certains prétendent même que gagner de l’argent de cette manière est une façon d’affirmer leur virilité ».
Sorti en janvier 2013, le film d’Ulrich Seidl, Paradis : amour, aborde pour la première fois ce sujet délicat. Sur les plages du Kenya, on appelle « sugar mamas », ces Européennes grâce auxquelles, contre un peu d‘amour, les jeunes Africains assurent leur subsistance. Teresa, une Autrichienne quinquagénaire et mère d’une fille pubère, passe ses vacances dans ce paradis exotique. Elle recherche l’amour mais, passant d’un « beach boy » à l’autre et allant ainsi de déception en déception, elle doit bientôt se rendre à l’évidence : sur les plages du Kenya, l’amour est un produit qui se vend...
Quelques initiatives des autorités locales auraient tenté d’enrayer le phénomène mais sans grand succès. Arpenter les plages pour vérifier si les amoureux en train de se bécoter sont bel et bien des amoureux, et non des « beach boys » entretenus par des femmes consentantes, n’est en effet pas chose aisée.