C'est la réponse qu'on livre généralement avec une fausse modestie à peine dissimulée à la question "quel est votre pire défaut ?", lors d'un entretien d'embauche. "Je suis perfectionniste".
Dernière coupable en date à s'être vautrée dans ce cliché gênant : Valérie Pécresse. La candidate à l'élection présidentielle prochaine, quand elle ne vante pas les qualités supposément innées d'une femme pour faire le ménage, l'a rétorqué sans hésiter le 3 janvier sur RTL. Preuve de plus qu'il s'agit-là d'un réflexe - et d'un comportement - à bannir ? Sans aucun doute.
Ah, le sacro-saint "perfectionnisme". Un adjectif qu'on se forçait à employer pour être employé·e, justement, persuadé·e que c'est exactement ce que voulaient entendre, en face, les recruteurs. Et clairement, on n'est pas loin de la vérité. Car quoi de plus idéal pour un manager que de savoir que ses collaborateurs et collaboratrices feront absolument tout ce qui est en leur pouvoir pour rendre un travail très bien fait, voire "parfait" ?
C'était en tout cas sans compter sur de récentes analyses de spécialistes en la matière, qui ont déceler qu'en réalité, l'approche perfectionniste aurait de bonnes chances de produire l'effet inverse. Soit un échec professionnel total.
"Le perfectionnisme engendre la procrastination", explique ainsi Grace Marshall, experte en productivité chez Think Productive et auteur de How To Be REALLY Productive (une pointure, donc) auprès de Stylist. Selon elle, cette approche "peut nous empêcher de nous mettre au boulot parce que nous nous disons : 'Il faut vraiment que ce soit bien et je n'ai pas le temps de rendre justice [à cette tâche] maintenant'".
Ou encore, "nous empêcher de finir un travail, parce que nous passons beaucoup plus de temps que nécessaire à éditer, à peaufiner, à perfectionner et à ajouter d'infimes améliorations." Au lieu d'y mettre un point final une bonne fois pour toutes.
Elle poursuit : "Le perfectionnisme peut également freiner notre croissance". Un bilan peu réjouissant, qu'elle développe. "Le problème avec le perfectionnisme, c'est qu'il nous fait toujours nous concentrer sur ce qui ne va pas - il nous empêche de nous concentrer sur ce qui est bon." Bon.
Alors, quelle alternative privilégier pour être épanoui·e au bureau ? L'anti-perfectionnisme, nous réplique-t-on. Explications.
Appliquer une approche anti-perfectionniste, c'est appréhender les erreurs et les loupés comme autant d'opportunités de rectifier le tir, d'apprendre, d'innover ou de créer. Et ce, plutôt qu'un signe que l'on serait complètement incompétent·e et bon·ne à rien au quotidien. Rafraîchissant ? Clairement.
Maintenant, reste à savoir comment adopter cette - quasi - philosophie de vie pour espérer se sortir un réflexe auto-dépréciateur de la tête.
D'abord, et on le précisait plus haut, se concentrer sur le progrès accompli, et non sur la prétendue perfection. Une technique qui évitera d'être perpétuellement déçu·e - la perfection étant extrêmement subjective en plus de presque impossible à atteindre. Ensuite, se fixer des limites de temps ou d'efforts que l'on consacre à une tâche. Grâce à un minuteur par exemple, ou à un nombre de révisions et de corrections que vous vous autoriserez à apporter.
Voyez également le bon côté de l'imperfection. "Parfois nos meilleures découvertes viennent de nos erreurs, et certaines de nos meilleures connexions et relations peuvent venir du fait que nous ne pouvons pas tout faire nous-mêmes", rappelle Grace Marshall. Surtout : souvenez-vous que vous n'êtes pas un·e super-héroïne, mais bien un·e humain·e qui a besoin de sortir son esprit de ses fichiers Excel pour prendre un bon temps mérité.
Dernière astuce : la "ta-da list". Au lieu de déprimer en visualisant tout ce qu'il vous reste à faire, essayez d'écrire tout ce que vous avez accompli ce jour ou cette semaine. Une manière de célébrer ("ta da !") et de se féliciter pour insuffler un peu de fierté à une estime de soi quelque fois en panne, et un moral pas toujours au beau fixe. Il n'y a plus qu'à !