À Saint-Brieuc, les fêtes de Noël ne se sont pas exactement déroulées dans la quiétude qui caractérise habituellement cette période de l'année. En cause, la polémique née de l'affiche « Noëllissime » imaginée par la municipalité bretonne. Financée avec l'argent public et censée faire la promotion des commerces de la ville, l'affiche représente un père Noël bedonnant, à la longue barbe blanche et vêtu de son costume rouge traditionnel. Problème, ce dernier est assis sur un canapé, aux côtés d'une mère Noël sexy et aguicheuse dans son bustier et mini-jupe rouge.
Forcément, cette énième sexualisation du corps de la femme n'a pas tardé à faire réagir. La secrétaire d'État chargée des Droits des Femmes, Pascale Boistard, a été la première à s'indigner de ce sexisme ordinaire, condamnant cette affiche sur son compte Twitter.
Regrettable que la campagne de Noël de la ville de Saint-Brieuc perpétue les stéréotypes avec l'argent public... pic.Twitter.com/gcuY7R9O0h
— Pascale Boistard (@Pascaleboistard) 18 Décembre 2014
Une indignation partagée par Hugo Gouysse, élu socialiste de Saint-Brieuc. Lors du dernier conseil municipal, il a regretté l'« exemple flagrant de sexisme ordinaire » de l'affiche incriminée, s'offusquant de la présence d'une mère Noël « "photoshoppée", dévêtue, croisant les jambes dans une pause lascive, aux côtés d'un père Noël barbu, ventru et habillé pour l'hiver ».
Autant de critiques que la majorité Modem de Saint-Brieuc n'a visiblement pas apprécié. Ainsi, alors que sur Twitter, le délégué à la communication de la ville balayait d'un revers de main les critiques de Pascale Boistard, lui reprochant notamment son manque d'ouverture d'esprit, le maire de Saint-Brieuc, Bruno Joncour, s'en prenait, lui, au socialiste Hugo Gouysse. « C'est le benjamin de notre assemblée qui devrait, s'agissant de l'animation du centre-ville, de la vitalité, de l'élégance, rendre hommage à la créativité, la bonne humeur et faire preuve d'ouverture d'esprit » aurait-il rétorqué, selon francetvinfo.fr. Et de conclure : « Je considère ce débat comme affligeant ».
@Pascaleboistard Campagne de Noël validée par un jury composé à 90% de femmes. Quelle absence d'ouverture d'esprit et de 2nd degré ! 1/2
— Corentin POILBOUT (@PoilboutC) 18 Décembre 2014
@HGouysse @Pascaleboistard C'est juste stérile et bien dommage. 2/2
— Corentin POILBOUT (@PoilboutC) 18 Décembre 2014
Mais aussi « affligeant » soit-il du point de vue du maire, ce débat s'est toutefois invité à la table de ses administrés qui n'ont pas tous goûté cet « hommage à la créativité » et à la « bonne humeur ». D'ailleurs, dans une lettre ouverte à la mairie, des opposants réunis en un Collectif pour une communication institutionnelle respectueuse du principe d'Égalité ont exigé le retrait de ces affiches et dénoncé « les mécanismes mercantiles de la société de consommation qui utilise le corps érotisé des femmes pour vendre tout et n'importe quoi, au travers de codes visuels éculés des années 40 ». Les quelques dizaines de signataires, de tout sexe confondu, précisent ne pas être des « censeurs » mais des « lanceurs d'alerte ».
Ils précisent que « la liberté s'arrête là où commence celle de l'autre. Et prendre constamment la liberté d'utiliser ainsi le corps de la femme, et seulement le corps des femmes, conduit à en réduire son image au seul rôle d'objet ».
À noter qu'une page Facebook intitulée « Nous exigeons de retirer l'affiche sexiste de la ville de Saint-Brieuc » a également été créé. Créé le 13 décembre, elle compte à ce jour 1 042 membres. En réponse, un autre compte a été créé, ce dernier pour soutenir l'affiche « Noëllissime ». Seuls 400 membres y ont adhéré.