Lors des tournois du Grand Chelem, la question revient sans cesse : mais pourquoi les femmes ne jouent-elles pas en cinq sets gagnants (mais trois) comme leurs homologues masculins ? Parce que "cela a toujours été comme ça" ? Sauf que c'est faux. En effet, au début de l'histoire du tennis féminin (vers 1891), les finales de l'Open US se jouaient en cinq sets gagnants. Même chose pour les finales des masters féminins entre 1984 et 1998. Enfin, seuls trois affrontements se sont terminés en cinq sets : en 1990 (Monica Seles contre Gabriela Sabatini au terme d'un match de 3h47), en 1995 (Steffi Graf contre Anke Huber) et la Suissesse Steffi Graf renouvellera l'exploit un an plus tard contre Martina Hingis.
Le dernier match joué en trois sets gagnants pour les femmes date de 1998. Steffi Graf s'imposait contre Lindsay Davenport en quatre manches. Mais de nouvelles règles ont depuis édicté que les matchs féminins se joueraient en trois manches, donc deux sets gagnants.
Pourtant, selon une étude réalisée par le Dr Paul Davis de l'université de Sunderland en Ecosse, et Lisa Edwards, professeure à Cardiff, "les femmes devraient jouer de la même façon que les hommes (...) car les faire jouer seulement trois sets est dégradant et dépassé". C'est même un constat "indéfendable" selon eux.
On rappelle qu'un match de foot féminin dure 90 minutes, qu'un match de rugby dure 80 minutes, qu'un parcours de golf a 18 trous et que la distance d'un marathon est de 42,195 kilomètres pour les hommes ET les femmes. Donc les femmes devraient pouvoir jouer en cinq manches comme leurs congénères.
Une position qui va à l'encontre de celle défendue par Marion Bartoli, ancienne joueuse professionnelle. Dans une interview accordée à la BBC World News en février 2014, la tenniswoman revient sur la proposition d'Andy Murray et Stacey Allaster (directrice de l'Association de Tennis Féminin) qui affirmait que les femmes étaient tout à fait capables de jouer en cinq manches. "Physiquement parlant, une femme ne peut pas le faire. Elle n'a pas les mêmes capacités physiques que les hommes. Ce n'est pas possible humainement. C'est tout."
Pourtant, selon le médecin Jean-François Toussain (directeur de l'IRMES et professeur de physiologie), interviewé par Le Monde sur le sujet, "il n'y a pas de différence sur le plan physiologique entre les hommes et les femmes". Il assure que ce n'est pas une raison "sur ce seul critère", de différencier le temps de jeu.
Beaucoup de tenniswomen se battent pour mises sur le même pied d'égalité que les hommes. Et ce n'est pas récent. En 1973, Billie Jean King, championne du tennis féminin, s'engageait dans un match épique contre Bobby Rings, ancien numéro un masculin. Une bataille pour faire respecter toutes les femmes sur les courts de tennis. Ce match, surnommé "La Bataille des sexes" et suivi par près de 50 millions de spectateurs, est devenu emblématique. Il fera d'ailleurs l'objet d'une adaptation au cinéma le 22 novembre 2017 avec Emma Stone et Steve Carell dans le rôle des deux champions.