Voilà ce que l'on appelle un beau pied de nez à ses détracteurs. Alors que les commentaires désobligeants et misogynes sur son physique ce sont multipliés durant le tournoi du Grand Chelem, la Française Marion Bartoli, 28 ans, a remporté, samedi 6 juillet, Wimbledon 2013 en battant à plate couture la joueuse allemande Sabine Lisicki. Dominée 6-1 et 6-4, celle-ci n'a, durant cette finale, réussi à remporter aucun set.
Grande joueuse de tennis sur gazon, Marion Bartoli s'est ainsi imposée aux côtés de Mary Pierce et d'Amélie Mauresmo, seules tenniswomen françaises à avoir remporté elles aussi le tournoi de Wimbledon.
Pourtant, la victoire de Marion Bartoli, si belle fût-elle, aurait pu avoir un goût amer pour la joueuse. Car certains médias ont, semble-t-il, été bien plus enclins à commenter son physique que ses prestations sportives sur les terrains de tennis. Jugée « trop grosse », elle a, depuis ses débuts dans le tournoi, suscité de nombreux commentaires peu flatteurs. Mais si son physique est aux antipodes de celui de joueuses « mannequins » comme la Russe Maria Sharapova - d'ailleurs éliminée en huitièmes de finale – la sportive aurait logiquement dû, en remportant le tournoi de Wimbledon, s'attirer le respect de ses calomniateurs. Elle aurait aussi dû faire taire les commentaires sexistes et déplacés sur ses mensurations.
C'était sans doute trop demander à John Inverdale, journaliste sportif de la BBC qui, quelques minutes après l'annonce de la victoire de Marion Bartoli, a « célébré » d'une manière particulière le sacre de la Française : « Pensez-vous que le père de Bartoli lui a dit quand elle était petite "Tu ne seras jamais un canon, tu ne seras jamais une Sharapova, donc tu dois t'accrocher et te battre ?" », a-t-il commenté en direct à la radio.
Son commentaire a aussitôt déclenché un tollé sur le réseau social Twitter. Accompagnant leurs tweets du hashtag #everydaysexism (sexisme de tous les jours), les twittos britanniques sont montés au créneau pour défendre Marion Bartoli, obligeant un porte-parole de la BBC à s'excuser au nom de la direction de la radio. « Nous admettons que la remarque était désobligeante et nous nous en excusons ». John Inverdale s'est lui retranché derrière l'excuse de l'humour british pour expliquer son commentaire, soutenant qu'il était un grand fan de la Française.
What a moron. Belittles someone of huge talent because she has the temerity not be attractive to him. #EverydaySexism http://t.co/RMWjyGx43w
— Claire Hanna (@ClaireHanna) July 6, 2013
« Quel idiot. Rabaisser quelqu'un de si talentueux parce qu'elle a l'audace de ne pas lui plaire physiquement. »
Obviously winning Wimbledon isn't good enough any more you have to be blonde and skinny aswell: http://t.co/TyEiin4TAd #everydaysexism
— Laura Sumner (@LauraSumner06) July 7, 2013
« Évidemment, gagner Wimbledon n'est pas assez bien si vous n'êtes pas aussi blonde et mince. »
De son côté, Bartoli a préféré dans un premier temps minimiser l'incident. Elle a ainsi déclaré : « Ce n'est pas important. Oui je ne suis pas blonde. C'est un fait. Est-ce que j'ai rêvé de devenir mannequin ? Non, désolée. Mais est-ce que j'ai rêvé de gagner Wimbledon ? Oui. Absolument. »
Interviewée dimanche 7 juillet par Le Parisien, Marion Bartoli a répondu avec élégance et aplomb : « Et bien j'invite ce journaliste à venir me voir ce soir au bal en robe et en talons et à mon avis, je pense qu'il peut changer d'avis », faisant référence au traditionnel bal qui clôture chaque année le tournoi de Wimbledon. Et d'apparaître fièrement, le soir même, en robe de cocktail et en chaussures Louboutin aux côtés du vainqueur masculin du tournoi, le britannique Andy Murray.
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