Une « ampleur épidémique. » C'est le terme qu'a employé l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour qualifier l'envergure des violences faites aux femmes dans le monde. Dans un communiqué de presse publié jeudi 20 juin, l'OMS dresse un triste constat : un tiers des femmes dans le monde est victime de violences sexuelles et physiques. Une ampleur jamais atteinte auparavant, qui fait craindre une banalisation des sévices infligés aux femmes dans le monde.
Dans son rapport, l'OMS souligne aussi que les violences conjugales s'avèrent être la forme la plus courante : 30% des femmes en sont victimes à travers le monde.
En effet, d'après le rapport de l'OMS, ce sont souvent les proches des femmes violentées qui s'avèrent aussi être leur bourreau. « La violence du partenaire intime touche 30% des femmes à l'échelle mondiale », souligne l'OMS dans son communiqué. Et 38% des femmes décédées suite à des violences l'ont été sous les coups de leur compagnon. Pour le Dr Margaret Chan, Directeur général de l'OMS, « les résultats de cette étude envoient un message fort : la violence à l'encontre des femmes est un problème mondial de santé publique d'ampleur épidémique. » Un constat que partage Charlotte Watts de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, citée dans le communiqué de l'OMS : « Ces nouvelles données montrent que la violence à l'encontre des femmes est très courante. Nous devons investir d'urgence dans la prévention afin d'agir sur les causes de ce problème mondial pour la santé des femmes. »
Le rapport de l'OMS révèle par ailleurs les effets de ces violences sur la santé des femmes et les troubles qu'elles peuvent générer : 42% des femmes qui ont connu des violences physiques ou sexuelles d'un partenaire ont souffert de blessures. La dépression, l'alcoolisme, les MST et les grossesses non désirées sont également des conséquences directes des violences que subissent les femmes.
Menée à l'échelle mondiale, cette vaste étude sur les violences à l'égard des femmes fait également apparaître d'importantes disparités régionales. Ainsi, en Afrique, 45,6% des femmes ont déjà fait l'objet de violences, tandis qu'en Amérique, 36,1% des femmes ont dû essuyer des coups. L'Europe n'est pourtant pas en reste, avec 27,7% de femmes brutalisées. « Peu importe la région que nous regardons, le chiffre des violences faites aux femmes reste très élevé », souligne l'un des auteurs de l'étude, le Dr Garcia-Moreno.
L'OMS a profité de son rapport pour révéler ses nouvelles directives pour lutter contre cette inquiétante hausse des agressions subies par les femmes dans le monde.
Souhaitant axer ses actions sur l'aide aux victimes ainsi que sur la prévention, l'OMS souligne dans son rapport que dans l'ensemble des secteurs concernés il faut un « renforcement massif des efforts mondiaux en vue de prévenir toutes les formes de violence à l'encontre des femmes en agissant sur les facteurs sociaux et culturels sous-jacents. »
Il est également primordial d'améliorer les soins prodigués aux femmes victimes de violences. Aussi, si une meilleure prise en charge médicale est évidemment nécessaire, celle-ci doit s'accompagner d'un soutien psychologique car généralement, les femmes qui consultent après avoir subi des violences refusent d'en dévoiler les causes. « Le rapport montre que la violence accroît fortement la vulnérabilité des femmes face à toute une série de problèmes de santé à court et à long terme », insiste le Dr Garcia-Moreno. « Bien souvent, le problème vient du fait que les agents de santé ne savent tout simplement pas comment réagir. »
Les nouvelles lignes directrices de l'OMS visent à combler ces lacunes : le rapport recommande notamment de mieux former les agents de santé afin de reconnaître les femmes exposées à des violences conjugales. Ainsi, leur prise en charge sera systématique et plus efficace.
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