Il y a un mois, nous vous parlions de Geoffroy Lejeune, directeur du Journal Du Dimanche, qui parlait sur Cnews de "parties fines" pour désigner des viols sur des fillettes de 13 ans. C'est l'un des exemples pris par la députée Marie-Charlotte Garin, le 29 janvier, lors des questions au gouvernement, pour illustrer la nécessité pressante d'appliquer la loi de 2001 sensée garantir l'éducation affective, relationnelle et sexuelle à l'école.
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"Ces propos monstrueux ne sont pas des dérapages, a souligné la députée écologiste et social du Rhône. Ils reflètent une cuture qui minimise, euphémise et parfois excuse les violences sexuelles sur les enfants." Et de citer des hommes encore célébrés en France malgré leurs propos et comportements ouvertement précriminels. Comme le chanteur Claude François qui a dit un jour : "Les filles, je les aime jusqu'à 17-18 ans, après elles commencent à réfléchir". Ou Gabriel Matzneff a qui l'on doit cette phrase : "Une fille très jeune est plus gentille".
Pour rappel une première enquête a été ouverte en janvier 2020 sur Gabriel Matzneff après la publication du livre Le Consentement, de Vanessa Springora. Elle y raconte sa relation traumatisante, à 14 ans, avec l'écrivain de 36 ans son aîné. Depuis, une nouvelle femme a accusé l'écrivain de viols et d'agressions sexuelles. Selon l'accusatrice, les faits se sont produits alors qu'elle avait 4 ans et jusqu'à l'âge de ses 13 ans.
Face à ces exemples, le besoin d'éducation, des adultes mais aussi des enfants, semblent indispensable. En ce sens, la loi Evars a été adoptée en 2001. Elle prévoit des cours d'éducation affective, relationnelle et sexuelle à l'école. Mais depuis son adoption, plus rien, en tout cas trop peu. Le programme est rarement mis en œuvre.
Plus encore, des associations conservatrices d'extrême droite, comme les "Parents vigilants", association de parents d'élèves crée par Eric Zemmour, tentent d'empêcher son application. Ils dénoncent notamment la présence d'une "théorie du genre" qui inciterait les enfants à changer de sexe. "Ces fausses informations sont criminelles dans un pays comme le nôtre où 1 enfant est victime toutes les 3 minutes d'inceste, d'agression sexuelle ou de viol", a dénoncé Marie-Charlotte Garin.
Autant de fausses informations qui ont quand même convaincue la Ministre de l'Education nationale, Elisabeth Borne de revoir le programme. ll a donc été examiné par le Conseil supérieur de l'éducation le 30 janvier qui l'a finalement validé. Dans sa nouvelle version, le programme prévoit un apprentissage en deux étapes : "une 'éducation à la vie affective et relationnelle' pour l'école maternelle et l'école élémentaire, une 'éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité' pour le collège et le lycée", avec "un ajustement à l'âge et à la maturité des élèves".
Marie-Charlotte Garin le rappelle, ce programme a pour but d'"apprendre aux enfants à reconnaître des situations de danger et à en parler, de comprendre et respecter le consentement, d'identifier les stéréotypes, de se protéger des dangers d'Internet, comme l'exposition à la pornographie." "On ne parle pas de sexualité aux tout petits", corrige la députée qui précise que l'objectif est de "leur apprendre l'empathie, le respect mutuel et de leur donner des clés pour se protéger. Savoir reconnaître une situation inappropriée, qu'elle vienne d'un autre enfant ou d'un adulte."
Reste à ce que le gouvernement s'empare réellement de ce programme et donne aux établissements scolaires et aux associations les moyens de l'appliquer. C'est sur ce point que Marie-Charlotte Garin a interpellé la Ministre. "Votre gouvernement est-il prêt à garantir que le programme d'éducation à la vie sexuelle, affective et relationnelle sera appliqué dés la maternelle ? Est-il prêt à former et soutenir les associations dans leur mise en place ? Êtes-vous prêt à assurer que chaque enfant, enfin, bénéfice des trois séance obligatoires depuis 2001 ?", a-t-elle demandé. Affaire à suivre.