Apparemment, la ville de Kennesaw, aux Etats-Unis, est entrée dans la quatrième dimension. Car plutôt que d'applaudir la boutique de lingerie Livi Rae, de nombreux habitants ont préféré se plaindre de son affichage de "mauvais goût". Le mauvais goût en question concerne les mannequins choisis par Livi Rae. Minces, rondes, plus size, blanches, noires, en fauteuil roulant... les femmes qui s'affichent sur la vitrine du magasin américain ont des physiques qui défient les standards de beauté habituels. Pour Livi Rae, cette célébration des corps n'a rien de nouveau. Depuis toujours, la diversité est le maître mot de la marque, dont le slogan est même : "Pas de poitrine trop petite ou trop grosse, nous avons toutes les tailles". Des soutiens-gorge et des culottes pour toutes les morphologies donc, et même des modèles adaptés aux mastectomies et aux femmes souffrant de handicaps. Mais si l'intention est louable, il faut croire qu'elle l'est encore plus quand elle reste bien cachée entre les murs de la boutique.
Ainsi, comme le rapporte Yahoo Style, les propriétaires de la boutique, Molly Hopkins et Cynthia Decker, ont reçu de nombreuses plaintes suite à la mise en place de leur affichage. Un retour de bâton inattendu et un brin hypocrite. En effet, les importunés ont expliqué que ce qui les gênaient véritablement, c'était la nudité. Mais Molly Hopkins et Cynthia Decker ne sont pas dupes. Des femmes en petites tenues, il y en a partout dans les publicités et sur les tableaux d'affichage, et cela, qu'elles vendent de la lingerie ou une cuisine aménagée. Ce qui dérange, ce sont donc bel et bien ces corps que l'on n'a pas l'habitude de voir au grand jour. Interrogées par Yahoo Style, les propriétaires de Livi Rae ont déploré ce manque d'ouverture d'esprit, qui a même poussé leur logeur à leur demander de retirer les affiches : "Nous voulions montrer aux femmes qu'elles n'ont pas besoin d'avoir une peau, une structure osseuse et un corps parfaits pour être belles. Jusqu'à présent, le gestionnaire ne nous avait jamais demandé de retirer quoi que ce soit. On nous parlé de 'mauvais goût' mais personne ne nous a dit ce que cela voulait dire exactement".
En exposant leur malaise sur les réseaux sociaux, Cynthia Decker et Molly Hopkins ont rapidement reçu le soutien de nombreuses personnes. Un appui qui a poussé le propriétaire du local à revoir sa décision, comme elles l'ont raconté à The Independent : "Nous avons appris que le propriétaire a été bombardé de mails et de coups de téléphones de la part de clients, amis et fans, qui lui ont fait part de leur incompréhension. Nous allons donc pouvoir garder notre vitrine telle qu'elle est".
Les deux femmes ont également expliqué pourquoi cette campagne d'affichage était si importante pour elles : "Nous mettons nos coeurs et nos âmes au service de ces femmes ordinaires qui ont accepté de montrer leurs corps pour aider toutes les femmes à se sentir plus à l'aise avec elles-mêmes. Elles se sont montrées audacieuses et courageuses et nous les avons choisies pour représenter notre campagne 'vrais corps, vraies femmes, vraies histoires' car lorsque les vêtements tombent, les histoires commencent à se révéler".
En 2016, une étude menée par The Fashion Spot sur la diversité dans la mode, révélait que sur les 422 mannequins présents dans les 236 campagnes de pub étudiées, 21,8% étaient des modèles de couleur et 1,6% étaient des modèles plus size. Si marques, créateurs et magazines de mode font des efforts pour mettre en lumière des beautés "atypiques" - d'Ashley Graham et sa taille 48 sur le podium de Michael Kors à Valentina Sampaio, mannequin transgenre en couverture de Vogue - il semble qu'il y ait encore pas mal de boulot à faire.