Si les physiques presque parfaits de Kendall Jenner et Bella Hadid trustent les pages mode des magazines et les campagnes de pub pour produits de luxe, d'autres beautés, plus atypiques, commencent à voler la lumière aux supermodels. Il y a bien sûr Ashley Graham et ses courbes à se damner, il y a Winnie Harlow qui a démontré qu'être atteinte du vitiligo pouvait être une force, et puis il y a aussi Valentina Sampaio, mannequin transgenre adoubé récemment par Vogue Paris. On avait admis inconsciemment que la beauté entrait dans des cases, qu'elle était synonyme de minceur, de dents blanches et de traits symétriques, qu'elle était inatteignable aussi. Mais l'arrivée de ces mannequins pas comme les autres, et surtout, leur énorme succès, a fait voler en éclats des croyances qu'on savait pourtant erronées. Non, la perfection n'existe pas, oui, la beauté est plurielle, et parfois non-conformiste.
Caitin Stickels fait partie de ces splendeurs hors norme dont la différence physique est la force. Originaire de Seattle, cette Américaine est atteinte du syndrome des yeux de chat. Une maladie rare due à une anomalie des chromosomes qui cause un défaut de fermeture de l'iris, mais qui peut également provoquer des malformations physiques et des organes. Aspirante mannequin, Caitin Stickels a transformé son compte Instagram en book, offrant son corps recouvert de tatouages, son allure de fauve, et son style rock'n'roll à ses 14 000 abonnés. Une sensualité animale et magnétique qui a tapé dans l'oeil de Nick Knight, un grand photographe de mode ayant immortalisé entre autres Lady Gaga, Kanye West et Kate Moss. De cette rencontre entre l'artiste et la muse est née un photoshoot bombesque pour V Magazine, revue reconnue pour sa vision de la mode progressiste et inventive.
Inspirée notamment par les peintures de Gustav Klimt, la séance-photo met parfaitement en lumière le physique peu conventionnel de Caitin Stickels. Habillée par les plus grands, de Dior à Alexander McQueen en passant par Balenciaga, la jeune femme irradie.
En posant pour V Magazine, Caitin Stickels a pu toucher du doigt un rêve qui lui semblait pourtant bien loin. Car si elle a toujours été passionnée par la mode, l'art et la photographie, la rousse aux yeux de chats n'imaginait pas poser un jour devant l'objectif d'un photographe réputé comme Nick Knight, et encore moins atterrir dans les pages d'une publication aussi pointue. Dans un court essai publié sur le site du magazine, elle raconte : "Je ne pensais pas devenir mannequin un jour ou faire partie de cette industrie. J'ai toujours admiré cet univers de loin tout en essayant d'exprimer le mien au travers des arts et de la mode".
Plus loin, elle est également revenue sur sa "chance" : "Malgré mon admiration, je n'avais jamais osé imaginé ce que cela pouvait être de travailler avec Nick Knight ou V Magazine. Je ne m'étais jamais accordée cette chance. Nick a su voir ce que j'ai fait de moi-même et il m'a donné la chance que je ne m'étais jamais donnée, tout comme l'a fait V Magazine. C'est pour cela que je les ai toujours aimé. Ils ouvrent les yeux des gens, ouvrent leurs esprits, et donnent leur chance au monde. C'est ce qu'ils ont fait avec moi, et je suis toujours en train d'essayer de comprendre que cette réalité est aussi la mienne maintenant. Cette collaboration aura été la plus belle tornade de ma vie".
En délaissant les mannequins habituels le temps d'une séance photo pour mettre en avant une outsider, V Magazine questionne les standards de beauté et la notion de féminité idéale. Un petit pas pour la mode, un grand pas pour la femme aux yeux de chats.